Le Premier Ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba récemment destitué par l’Assemblée nationale devra, 24 heures après notification, déposer sa démission auprès du Président de la République Félix Antoine Tshisekedi. Une destitution qui résulte du basculement de la majorité parlementaire à l’Assemblée nationale, ce que récuse encore le FCC de Joseph Kabila, après de longues batailles autour des textes juridiques.
Dans une interview exclusive accordée ce vendredi 29 janvier 2021 à POLITICO.CD, le Professeur Eugène Banyaku, ancien juge constitutionnel, juge plutôt politique que juridique l’éviction du Premier ministre. « Cette destitution est un fait politique et non juridique. Et politiquement, lorsque vous avez ce nombre des députés constituant la majorité, qui disent qu’ils ne reconnaissent plus au Premier Ministre sa qualité d’exercer par le fait de la majorité, je ne pense pas qu’il y ait un autre moyen que de s’y rendre », a-t-il analysé.
Les carottes étant cuites pour le Premier ministre, le professeur Banyaku estime que Sylvestre Ilunga n’a plus de choix.
« La juridiciation de la politique a entraîné des faits qui ne sont pas normaux. C’est-à-dire que les représentants de la souveraineté nationale, conformément à leur pouvoir, ne se retrouvent pas dans l’exécution par les institutions. Notre système démocratique est fondé sur l’Assemblée nationale. Donc, on ne peut pas aller dans les déviations. L’essentiel a été fait, la suite sera que le Premier Ministre s’y conforme et qu’il considère que la majorité parlementaire actuelle après vote, ne lui confère plus le droit d’être Premier Ministre », a-t-il renchéri.
Quelle serait alors la suite des événements, si jamais le Premier ministre ne déposait toujours pas sa démission ? « Après la destitution du Premier Ministre par l’Assemblée nationale, il n’y a plus une autre formule qu’une mise en accusation par le Procureur général près la Cour constitutionnelle et la déchéance par la même Cour (si le PM refusait de se conformer), mais je pense qu’ici la suite ne fait pas l’objet d’un quelconque outrage, mais plutôt d’un fonctionnement normal d’une assemblée à laquelle nous nous reconnaissons tous. L’informateur fera rapport au Président de la République et ce dernier en prendra acte et nommera un nouveau formateur du gouvernement qui présentera son programme à l’Assemblée nationale », a-t-il estimé.
Rappelons par ailleurs que dans un communiqué vidéo qui circule depuis hier soir, le Premier Ministre demande une notification officielle pour tirer les conséquences du dernier vote l’ayant déchu.
Bivince Mpungu