La cité de Yangambi, située à 100 Km sur l’aval du fleuve Congo à l’ouest de la ville de Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, a vécu ce dimanche 31 janvier 2021 une journée mémorable après un rêve d’antan accompli, celui de l’installation d’une tour à flux.
Cette première tour à flux de covariance des turbulences érigée dans le bassin du Congo vient d’être inaugurée à Yangambi. Les instruments installés sur cette structure remarquable permettront de mesurer notamment les échanges de gaz à effet de serre entre l’atmosphère et la forêt, souligne un communiqué publié ce même dimanche par le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) qui a mis en œuvre cet ouvrage scientifique.
La cérémonie d’inauguration a eu lieu en présence de diverses personnalités parmi lesquelles, le Gouverneur de la Province de la Tshopo, Louis-Marie Wale Lufungula ; le Directeur de cabinet du ministère de la Recherche Scientifique, Oscar Shetonde Mihigo ; l’Ambassadeur de la Belgique, Jo Indekeu et l’Ambassadeur de l’Union européenne, Jean-Marc Châtaigner.
Les personnalités ont unanimement salué cette nouvelle installation dont la vocation première sera « d’appuyer la communauté scientifique congolaise et internationale dans l’étude de la contribution des forêts tropicales à l’atténuation du changement climatique. »
Cette installation devrait aussi permettre de confirmer avec des données scientifiques tangibles le rôle essentiel des forêts du bassin du Congo dans l’équilibre climatique planétaire et l’urgence de les protéger.
Jo Indekeu s’est, quant à lui, réjoui de l’importance de cette œuvre qui vise à relancer les recherches scientifiques à Yangambi. « Nous sommes ravis de soutenir et d’accompagner cette réalisation si importante pour la relance de l’activité scientifique à Yangambi », a-t-il souligné. Il poursuit en outre sur la pertinence de ce projet : « La tour Congoflux place la République Démocratique du Congo (RDC) à la pointe en matière de recherches afin de relever l’un des plus grands défis auquel nous sommes tous confrontés, le changement climatique.»
La tour a été financée par la Belgique à travers une coopération déléguée à l’Union européenne. Les équipements de cette infrastructure, opérationnels depuis octobre 2020, révèlent déjà leurs premières données. À ce propos, le Directeur de l’INERA-Yangambi, le Docteur Michel Lokonda, a déclaré que celle-ci « constitue, pour nous, un atout majeur permettant de mesurer la capacité du bassin du Congo à absorber le carbone. Ces données précieuses contribueront significativement aux futures élaborations en matière de politique publique adaptée en garantissant la valorisation, la protection et la bonne gestion de nos forêts.»
Pour sa part, l’Ambassadeur de l’Union Européenne a reconnu que cette tour est un magnifique investissement scientifique. Jean-Marc Châtaigner estime tout de même que « cette tour nous permettra le partage de nos connaissances, nos savoirs face aux énormes enjeux liés au changement climatique.»
Walle Lufungula, Gouverneur de la Tshopo, qui s’est personnellement déplacé à Yangambi pour la circonstance, a appelé la population de sa juridiction à l’appropriation de ce bijou scientifique. Il a, dans son mot, rassuré les partenaires de la Tshopo à une meilleure protection de cette tour pour booster les recherches forestières locales.
Congoflux a été construite en partenariat avec l’Institut National pour l’Etude et la Recherche Agronomique (INERA), par l’Université de Gand (UGent), le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), la société Resources & Synergies Development (R&SD) et l’École Régionale Post-universitaire d’Aménagement et de Gestion intégrés des Forêts Tropicales (ERAIFT).
Elle fait partie d’un effort plus vaste de l’UE et de certains Etats Membres, en particulier la Belgique, afin que Yangambi devienne un pôle scientifique au service du bien-être durable des populations locales et de la biodiversité unique de la RDC.
Cette action, précise le CIFOR, vise de manière globale le soutien de la recherche scientifique, la promotion de la conservation et la gestion durable des ressources naturelles ainsi que l’amélioration des conditions de vie des communautés rurales vivant autour de la Réserve de biosphère de Yangambi.
Serge SINDANI