Il a même plu ce matin à Kinshasa, une ville qui n’a pas connue de précipitations depuis un bon moment. En dehors de celle qui secoue les discours politiques et qui, parfois, meut les rues de la capitale congolaise, comme le meurtrier orage du 19 et 20 septembre dernier.
Il pleut donc et il n’y pas plus d’électricité. Tant pis, c’est souvent pareil ici. Nous sommes néanmoins contents, détendus, chacun se la raconte… Torse bombée, front dressé, on a juste envie de monter sur toit et crier : « nous sommes la meilleure équipe du monde ». Eh oui! Hier soir, le Onze national n’a pas fait dans la dentelle, atomisant une équipe libyenne émerveillée sans doute par ses congolais assoiffés de victoire. Bolasie, Mbokani… ses magiciens n’ont laissé aucunement chance aux Chevaliers de la méditerranée. « Mais pourquoi les politiques ne jouent-ils pas ainsi », ironise un Kinois.
Les Kinois justement, eux qui, même en venant célébrer le football dans cette mythique arène de plus de 80.000 places à Kinshasa, n’avaient pourtant pas oublier la politique. Même en menant 3 à 0 à quelques minutes du terme, on pouvait entendre ronronner des tribunes : « yebela, Kabila yebela ». Tant mieux si la télévision nationale arrête la retransmission! « Que vient faire Kabila ici», demande un ami américain, « je t’expliquerais…« , ai-je coupé court. Comment lui dire que mon peuple Kinois, même dans l’euphorie, n’oublie jamais « ses litiges ».
Au lendemain donc, l’américain n’est plus là, seul dans les rues de cette commune si calme de Lingwala, qui jouxte le centre-ville, aux apparences trompeuses, je constate que tout le monde est soit à la maison ou sur facebook, en attendant demain.
Demain justement, lundi, jour où tout monde reprend sa réalité. Jour où les Léopards occuperont toujours les débats, mais le Dialogue aussi. Toujours au point mort, entre négociations directes et consultations dans les coulisses. Un Dialogue qui laisse de plus en plus entendre à un autre, tant Tshisekedi et les tiens appellent à ce fameux « régime spécial », « complètement surfait, inconstitutionnel et loufoque », me confiera un cadre de la Majorité Présidentielle, « je le mets en défi de proposer une solution qui ne violerait pas la Constitution », rétorque l’opposant François Muamba Tshishimbi.
Pendant ce temps, Bokolombe met le feu à Kamerhe, la CENI poursuit les enrôlements, la LUCHA et les autorités congolaises continuent leur idylle, alors que Kinshasa prépare à son tour des sanctions contre Belges et toute « puissance » qui osera l’embêter. Voyez-vous donc, l’affrontement aura lieu. Un Ministre des Affaires foncières officieusement viré, ensuite suspendu pour avoir vendu à vil prix des biens immobiliers de l’Etat, viendra lui aussi se greffer à cette ribambelle des événements, sans oublier la Cour constitutionnelle qui n’a pu rendre son verdict sur la demande du report de la présidentielle par la CENI — « Le quorum n’a pas été atteint », soufflera une source.
Et donc demain, la tempête reviendra, après le calme et l’apaisement arrachés par le retour gagnant de Dieumerci Mbokani. Mais en attendant, laissez-nous faire « fimbu », autour d’un verre… demain s’occupera de soi.
SoPolitico
Benjamin Litsani Choukran,
Le Fondé.
Un commentaire
Voici une belle synthèse qui donne envie d’attendre votre prochaine rédaction. Bravo et bonne continuation