Triste nouvelle : en République Démocratique du Congo (RDC), l’état d’insécurité alimentaire demeure grave avec une personne sur trois, proportion jamais atteinte jusqu’ici, souffrant de faim aiguë, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) qui tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme à travers une conférence de presse conjointe organisée ce jeudi 8 avril à Kinshasa.
Ces organisations estiment à 27,3 millions le nombre des personnes souffrant d’insécurité alimentaire aigüe en RDC, soit une sur trois, parmi lesquelles quelque 7 millions de personnes aux prises avec une faim aiguë dont les degrés nécessitent une intervention d’urgence selon les analyses du Cadre intégré de classification de l’insécurité alimentaire aiguë.
Pour la FAO et le PAM, ces chiffres font de ce pays d’Afrique centrale celui au monde où se concentre le plus grand nombre de personnes éprouvant un besoin urgent d’assistance à la sécurité alimentaire.
Les conflits qui font rage sur de larges pans des territoires des provinces orientales du pays (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika), ainsi que dans la région centrale du Kasaï, laquelle a été le théâtre de combats récents, demeurent une cause majeure de ces famines. Les autres facteurs qui s’avèrent déterminant dans l’approfondissement de cette crise sont la dépression économique qui frappe la RDC et l’impact socioéconomique de la Covid-19.
« La récurrence des conflits dans l’Est de la RDC et les souffrances qu’ils entraînent demeurent gravement préoccupantes. La stabilité sociale et politique est indispensable au renforcement de la sécurité alimentaire et à l’essor de la résilience des populations vulnérables. Il est urgent de nous consacrer à des cultures de denrées alimentaires là où elles sont le plus nécessaire et à maintenir en vie les animaux qui procurent aux humains des produits vivriers. Nous nous rapprochons de la principale saison agricole et il n’y a pas de temps à perdre », a déclaré le Représentant de la FAO en RDC, Aristide Ongone Obame.
Derrière les chiffres, il y a des familles privées d’accès à leurs terres, ou forcées de fuir pour garder la vie sauve, et des parents qui voient leurs enfants tomber malade par manque de nourriture. Le personnel du PAM a rencontré des familles retournées dans leur village et y a trouvé leurs maisons dévastées par les flammes et leurs récoltes pillées en intégralité. Certaines survivent en ne se nourrissant que de taro, une racine sauvage, ou de feuilles de manioc bouillies.
Les populations les plus gravement touchées sont celles qui ont été déplacées, les groupes de réfugiés et de populations rentrées chez elles, les familles d’accueil et les populations victimes de catastrophes naturelles (inondations, glissements de terrain, incendies) ainsi que les ménages dont le chef de famille est une femme. Il faut ajouter à cela les populations les plus pauvres des zones urbaines et péri-urbaines ainsi que celles des secteurs géographiques enclavés, au faible pouvoir d’achat et à l’accès insuffisant aux marchés des produits alimentaires.
La FAO et le PAM demandent une intervention urgente qui devra amplifier l’aide aux Congolais se trouvant dans les zones où frappe cette crise. Afin de déboucher sur une solution de long terme, les deux organismes investissent dans des projets de renforcement de la résilience qui appuient l’agriculture collective pour rehausser les rendements, réduire les pertes et faciliter l’accès aux marchés. Ces projets aident les collectivités à construire leur vie et frayer une voie à la paix.
Stéphie MUKINZI
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Mensonge de PAM.