À l’approche de 2023, à plusieurs reprises des débats animent l’actualité politique en RDC sur l’incertitude quant à la tenue effective des élections dans le délai constitutionnel. Les uns insistent sur le respect absolu de cette échéance. D’autres, par contre s’y opposent plus ou moins implicitement, en invoquant comme motif le préalable tantôt du recensement général de la population, tantôt des réformes électorales.
Plus de doute quant à la tenue des élections en 2023. Lors d’un échange samedi 24 avril avec les Députés qui ont opté pour sa vision de l’Union sacrée de la nation, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a déclaré qu’il ne permettra pas de glissement.
« On ne doit pas se laisser entraîner dans la manipulation qu’elle soit Nationale ou internationale. Il n’y a en nous aucune intention de fuire les élections. Pas du tout. Nous allons les affronter comme nous l’avons toujours fait, la tête haute et sûr d’ailleurs », a-t-il déclaré.
Durant ces échanges, il n’y avait pas que les questions liées aux élections, Félix Tshisekedi a également évoqué les questions liées à l’investiture du Gouvernement Sama, l’insécurité à l’Est, le recensement de la population, la lutte la corruption, les élections de 2023 mais aussi des réformes sur la loi électorale et la CENI.
Le recensement, c’est la question qui suscite des débats au sein de l’opinion.
À ce sujet, Félix Tshisekedi s’est exprimé en ces termes : « Il y aura recensement pour savoir qui est congolais et qui ne l’est pas, mais cela n’empêchera pas la tenue des élections. Nous avons besoin dans notre pays de savoir combien de congolais vivent dans notre pays, combien sont à l’étranger. C’est une chose qui est tout à fait normal parce que cela permettra d’organiser notre développement et d’aller vraiment répondre aux besoins des populations. C’est quelque chose de primordial, lorsqu’on veut aller loin avec un pays . Donc ne vous laissez pas manipuler par ces genres de discours qui consistent à faire croire qu’il y a anguille sous roche », a rétorqué Félix Tshisekedi.
Prendre le recensement comme préalable à l’organisation des élections, c’est ce qu’il ne faut surtout pas faire selon Corneille Nangaa, Président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Alors qu’il présentait ses éléments de réponses aux préoccupations des Députés le 13 avril dernier, Nangaa avait prévenu que « lier les élections au recensement général de la population est dangereux ».
D’après l’actuel Président de la CENI, les deux activités (les élections et le recensement) ne dépendent pas des mêmes institutions et n’obéissent nullement aux mêmes contraintes calendaires. Corneille Nangaa qui avait reconnu tout de même le retard accumulé quant à l’exécution du diagramme du cycle électoral, avait soutenu que l’organisation des élections relève plutôt de la simple volonté politique. « Il est évident que certaines de ces activités auraient dû commencer dès 2019. C’est notamment le cas des réformes et le changement des animateurs de la CENI. Qu’à cela ne tienne, ces retards sont rattrapables avec la volonté, les moyens et la planification judicieuse », avait estimé Corneille Nangaa.
Rappelons que l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti au pouvoir, est accusé de chercher à glisser. Entendez par là, rester au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. Dans l’une de ses sorties médiatiques, Augustin Kabuya, Secrétaire Général du parti présidentiel, avait évoqué le recensement général de la population comme préalable pour avoir de bonnes élections en RDC.
Ce même recensement, selon l’Office National de l’Identification de la Population (ONIP), “devrait coûter près de 350 millions USD et sera financé soit par l’État congolais par le Budget National, soit à travers un Partenariat Public Privé, sous la supervision du Gouvernement”. Pour l’ONIP, au plus tard le 31 décembre 2022, le fichier général de la population (FGP) sera constitué, disponible et utilisable par tous les services intéressés, dont la CENI.
Carmel NDEO