De temps en temps il faut aller voir son médecin pour faire son check-up. Du moins pour ceux qui en ont les moyens dans un pays comme la RDC où les soins médicaux coûtent ce qu’ils coûtent faute de couverture universelle médicale. Avec son immense potentiel, le secteur minier congolais en a plutôt les moyens. Au chevet du secteur minier congolais malade, pas un seul médecin mais plusieurs. En dépit de la troisième vague de Covid-19 qui n’épargne pas la RDC, moins encore la ville de Kinshasa, les délégués du gouvernement, des entreprises minières et de la société civile sont réunis durant trois jours, dans la capitale pour dresser un diagnostic de ce secteur. En clair, il s’agit de faire le point sur ce qui a été fait ces dix dernières années et se mettre d’accord sur la nouvelle ligne de conduite pour tous les intervenants. Un meeting en format réduit selon les organisateurs, pandémie oblige.
Les intervenants, à cette rencontre des opérateurs miniers, connaissent également les maux qui gangrènent leur secteur. Les participants, du moins pour ceux qui ont pris la parole, ont égrainé ces symptômes l’un après l’autre sans être exhaustif.
Le secteur minier congolais est « très conflictuel » a souligné Kalaa Mpinga, l’un des experts qui a pris la parole à l’ouverture des assises. « Il y a des conflits entre les grands opérateurs miniers et l’Etat. Ces conflits sont axés autour de la nouvelle loi minière, autour de la fiscalité[…] il y a un code minier qui a été adapté en 2018. Et certains acteurs refusent ou ne veulent pas jouer le jeu ou ne veulent pas y participer », a-t-il renchéri. Pour cet expert, tout le monde doit suivre le train.
Le secteur minier congolais a un impact limité sur le développement économique national et ne sert pas de moteur au développement d’autres secteurs tel que l’agriculture. En effet, ce secteur ne représente que près de 20% du Produit Intérieur Brut (PIB) et moins de 10% de l’emploi formel. La fraude minière et d’autres pratiques illicites sont monnaie courante dans ce domaine et sont à la base de la faible mobilisation des recettes. Tous ces maux ternissent donc l’image de l’industrie minière congolaise.
A noter que la majorité de la relance minière est construite sur des gisements connus avant l’indépendance. Pour corriger cette défaillance l’on veut développer les services géologiques pour que l’on sache ce dont on dispose et à quoi on veut l’utiliser et comment. Henri MUHIYA, Secrétaire Exécutif de la Commission Episcopale pour les Ressources Naturelles a souligné que « les services n’ont pas été tellement développés. Il y a des cartes géologiques qui datent de l’ancien temps mais récemment il y a eu une autre carte mais cela ne suffit pas pour savoir exactement qu’est-ce qu’on a dans chaque partie du pays et avec quelle valeur ». C’est en connaissant la valeur que l’on peut savoir comment utiliser cela a-t-il conclu.
Ces maux qui rongent l’industrie minière congolaise, Antoinette N’Samba Kalambayi, Ministre des Mines les a également reconnus. Mais d’entrée de jeu, elle a lancé un appel à tous les intervenants du secteur minier. « Arrêtons de perpétrer les fautes identiques et reconnues comme telles ; corrigeons ensemble les erreurs morales, techniques, financières et opérationnelles ; construisons un écosystème minier responsable aujourd’hui et pour le futur ». Pour l’actuelle patronne des mines, il faut passer de « l’échec programmé à une stratégie de développement minier où le pays gagne ».
Avant la clôture prévue le 10 juillet 2021, ces états généraux se sont éclatés en ateliers où les participants passent au scanner l’industrie minière congolaise. A la fin, une ordonnance médicale sous forme des recommandations sera prescrite pour tenter de guérir l’industrie minière congolaise.
Blaise BASOMBOLI