Durant trois jours, l’industrie minière congolaise a passé son checkup. Au bout de cet exercice clôturé ce 10 juillet 2021, les participants ont décelé des anomalies qui constituent un goulot d’étranglement de ce secteur pourtant vital pour le pays. Pour guérir les mines congolaises de ces maux, la prescription médicale de ceux qui l’ont examiné se résume en 113 recommandations. A chaque problème identifié, une solution proposée.
La Banque Centrale du Congo qui vient tout juste d’avoir une nouvelle gouverneure, il y a longtemps que cette institution a acheté de l’or venu de l’exploitation artisanale. Les participants ont ainsi recommandé à la BCC de présenter un plan de reprise de ses opérations d’achats d’or d’exploitation artisanale.
A propos justement de l’exploitation artisanale, Al Kitenge un expert intervenant à la fin des travaux a souligné que « notre exploitation artisanale minière est une espèce d’esclavage des temps modernes » parlant des conditions de travail. « Globalement nous fermons les yeux et nous assumons cela et ce n’est pas acceptable… ce n’est surtout pas acceptable parce que l’artisanat minier alimente les 140 groupes armés qui opèrent et ça, ça se passe devant nous et à un moment donné nous avons une responsabilité ». Il faut trouver de véritables activités économiques qui donnent « de la dignité humaine » à ces personnes qui pensent qu’elles peuvent se contenter d’une exploitation humaine qui se passe dans les conditions infrahumaines a-t-il poursuivi. « Aujourd’hui nous avons près de 2,5 millions de personnes qui travaillent dans le secteur artisanal minier. C’est devenu une armée dans une armée. Le jour où ces gens décident de prendre les armes parce que ce sont des gens très bien formés du point de vue mental, ils ont une résistance physique extrêmement élevée ça peut être très dangereux » s’est-il alarmé.
Il est connu que les entreprises minières publiques sont défaillantes. Les panelistes se sont refusé de les laisser dans leur état actuel. Raison pour laquelle, ils ont recommandé de finaliser la restructuration des entreprises minières du portefeuille de l’Etat. Tenez-vous bien les congolais sont appelés à s’inspirer pour cela du modèle du Chili et du Botswana.
Toutes ces recommandations n’ont pas laissé indifférente la Ministre des Mines Antoinette N’samba Kalambay. Les participants l’ont invité à mener des actions dont les générations futures se souviendront même quand elle ne sera plus ministre. Des actions qui doivent changer le visage de l’économie minière congolaise. Elle en a pris la mesure de l’enjeu en faisant siennes quelques-unes de ces recommandations. La patronne des mines se propose entre autre de prioriser la transformation locale des produits miniers de la RDC tout en renforçant les capacités des agents publics de l’Etat. Certes, elle n’agira pas seule. Ainsi a-t-elle promis de porter les conclusions de ces travaux au niveau du gouvernement et veiller à leur mise en œuvre.
Les problèmes ont été identifiés, des solutions proposées. Reste que cette prescription soit réellement appliquée pour que le secteur minier devienne effectivement un moteur de croissance et du développement socio-économique de ce pays sous-continent que d’aucuns qualifient de scandale géologique.