Après plusieurs jours d’instruction par le Tribunal de Paix de Kisangani/Makiso dans le dossier de détournement des fonds « de réhabilitation provisoire et de prise en charge » par le gouvernement congolais des victimes de différentes guerres de Kisangani, dans la Tshopo, les verdicts sont finalement tombés. L’affaire a opposé les victimes des guerres notamment celles des six jours à leur « présupposé » président Jean Lemalema et son comité.
Au moins cinq (5) personnes sont reconnues coupables dont deux ont été contraintes à l’arrestation immédiate. Le Tribunal a tout d’abord reconnu la culpabilité de Jean Lemalema, président de l’association des victimes des guerres de six jours. L’infraction retenu à son encontre est l’abus de confiance de 48.000 dollars et 47.400 dollars. Il est, pour ce faire, condamné à 24 mois de service pénale principale et est sommé de payer une amende de 500.000 Franc Congolais.
D’après ce même jugement RP 7471 révélé vendredi à POLITICO.CD, le président honoraire de la société civile David Yofemo, la caissière des victimes Baelongandi, Mr Kalokola et Mr Lingofo, tous membres de l’association des victimes sont condamnés à 15 mois pour abus de confiance des 47.400 dollars.
Le tribunal a ipso facto ordonné l’arrestation immédiate de Kalokola et Lingofo. La justice a aussi rejetté la constitution de la partie civile l’association des victimes des guerres pour défaut de qualité de sieur Kalombola comme Président de ladite association. Il a plutôt reçu les constitutions des parties civiles Kalopbola et Batama et leur accordent 1000 dollars.
Selon la justice, il n’y a pas lieu dordonner la restitution des montants 48.642 dollars et 47.400 dollars. D’après l’un des avocats conseils des victimes des guerres, le Tribunal venait de dire le bon droit. Pour lui, « ce verdict sera un signal fort à ceux qui se donnent le luxe d’abuser sans vergogne de l’argent destiné aux victimes qui attendent il y a belle lurette leur indemnisation qui prend l’allure du revient bientôt éternel. » a renchéri Me Dominique Kangamina.
Contacté par POLITICO.CD, depuis sa cellule de détention, David Yofemo, président honoraire de la société civile forces vives de la Tshopo courbe l’échine. Pour lui, le droit est dit. Cependant, il reconnaît avoir signé comme témoin à l’acte de reconnaissance de 47.400 dollars entre la caritas et le comité des victimes. « Ça donne aussi une leçon que quand tu signes comme témoin dans un document de 47.000 dollars, cet acte s’appelle abus de confiance et vous avez 15 mois de prison. » dénonce-t-il.
Pour rappel, en Janvier 2021, le gouvernement congolais a décaissé au moins 1 million de dollars américains pour la prise en charge des victimes des différentes guerres de Kisangani. Ceci a fait objet de l’arrivée à Kisangani de l’ex-ministre des droits humains André Lite. En première partie, une enveloppe estimée à 541.000,00 dollars a été remis aux victimes, en présence du gouverneur de la Tshopo. André Lite avait procédé jeudi 28 janvier à la remise symbolique de ce fonds de réhabilitation provisoire aux victimes des guerres de cette ville. Cinquante personnes ont reçu d’entre les mains du ministre André Lite, au côté du Gouverneur de province Walle Lufungula, des enveloppes contenant 150 dollars chacune.
Cependant, l’approche de répartition du fond n’étant pas au beau fixe, une tension due à l’incompréhension et au probable “détournement” a alimentée la toile et s’est accentué dans le chef des victimes qui ont initié des actions judiciaires à l’endroit des présumés auteurs du vol. Pendant ce temps, la seconde partie de fonds de la réhabilitation provisoire est toujours attendue par les victimes dont nombreuses n’ont pas reçu leur part au premier tour.