Dans la province du Lualaba, entre l’offre et la demande, la Société Nationale d’Électricité (SNEL), peine à se sortir du lot. Face à la montée des plaintes, l’Ingénieur Benjamin Ngoy Musuil, Directeur de la production dans la région Sud(Ex Katanga), reconnaît que cette entreprise du portefeuille de l’état fait face à plusieurs défis.
Visiblement, de l’étiage en passant au vol des câbles électriques, la SNEL a un morceau dur. Il faut de la patience pour qu’un jour le système de délestage puisse s’arrêter. Pendant ce temps, la demande augmente alors que l’offre est en baisse.
« Dans les conditions générales, la Société Nationale d’Électricité, enregistre un déficit. Il y a un déséquilibre entre la demande et l’offre. Nous produisons moins, mais la demande est intense. C’est pourquoi vous avez remarqué, qu’il y a toujours des délestages. Les grands consommateurs sont limités. Il y en a qui ont besoin de consommer plus, mais ils ne peuvent pas suite au déficit que connaît la SNEL », a indiqué Ngoy Musuil, Directeur de la Production Sud de la Direction SNEL/Katanga.
L’étiage et ses impacts dans la desserte électrique
« Nous avons quatre centrales qui alimentent notre réseau interconnecté (Nseke, Nzilo, Mwandigusha et Koni [Busanga en cours]). En dehors de ça, nous avons l’injection Inga. C’est à dire, nous avons la ligne Inga-Kolwezi qui renforce de l’énergie dans le réseau Sud. Il se fait que pour le moment, nous avons des problèmes sur cette ligne d’injection en rapport avec l’étiage. En effet, sur la ligne d’injection, il y a une réduction des charges, faisant qu’on ne peut avoir la totalité d’énergie dont nous avons besoin. Avant nous étions déjà à 575Mw, mais aujourd’hui le maximum qu’on peut avoir c’est 515Mw », s’est-il défendu face aux accusations de manque de desserte en énergie électrique à Kolwezi dans le Lualaba.
« Sur la ligne d’injection, nous avons une seule machine synchrone à la station de conversion de Kolwezi. Ce qui fait qu’on ne peut pas avoir la totalité des charges. Même si l’étiage s’arrêtait aujourd’hui, nous ne saurons toujours pas satisfaire tous les besoins dans le réseau Sud. Avec une seule machine synchrone nous sommes limités, on ne peut aller au-delà. Nous en avions deux qui étaient en service, mais il ne nous reste qu’une seule, la machine numéro 2. La machine numéro 1 est en panne », a indiqué l’Ir. Ngoy Musuil.
Et de poursuivre: « La montée des charges à la station de conversion, est liée à cette contrainte de machine synchrone. Mais, l’idéal est d’avoir 4 machines synchrones dans l’optique de stabiliser le réseau. »
« La ligne d’injection enregistre un déficit de 60 Mw sur Inga Kolwezi. Du côté Mwandigusha, c’est 60Mw qu’on dégage. Seulement, on ne sait pas aller au-delà. Voilà qui explique le délestage. C’est un système pour que tout le monde puisse avoir le courant et que le réseau soit stabilisé. Il se fait qu’avec ce déficit sur la ligne d’interconnexion RDC – Afrique Australe à partir de la Zambie, là aussi nous sommes limités. Une fois qu’on arrive à 190 Mw sur cette ligne-là, un délestage automatique s’opère. Lorsqu’on atteint 195 Mw, le deuxième délestage s’opère, et en ce moment, on doit délester et enlever certaines charges pour que le réseau ne s’écroule pas », a expliqué cet Ingénieur de la SNEL.
« Pour la SNEL, la matière première c’est l’eau (débit d’eau). Il y a réduction des charges à Inga dans le réseau Ouest (Kinshasa). Il y a baisse sensible du niveau d’eau. Heureusement, au Nord, il pleut déjà. Mais l’étiage c’est une réalité. Quand l’eau diminue, nous avons des problèmes. C’est pourquoi la gestion de l’eau est pour nous primordiale, car c’est la denrée première », a insisté Ngoy Musuil.
Le vol des câbles, un handicap dans la desserte électrique
La SNEL a besoin de l’apport du gouvernement. Seule, elle ne peut pas tout faire. A ce sujet, Ir. Ngoy Musuil soulève l’autre épineux problème, auquel est confrontée cette société dans la desserte en énergie, à savoir, le vol à répétition des câbles en cuivre sur la ligne haute tension.
« Il y a le vol tous les jours sur la ligne haute tension. Les cas de vandalisme constituent un sabotage aux efforts de la SNEL visant la stabilisation de la desserte en énergie électrique. Quand cela arrive, il faut chercher des moyens pour remplacer les conducteurs volés, ce qui n’était pas budgétisé. Que le gouvernement puisse s’impliquer pour réduire les cas des vols. La sécurité ce n’est pas l’apanage de la SNEL seule, l’État a sa part de responsabilité. Tout au long de la route Lubumbashi-Kolwezi, il y a des lignes entières sans conducteurs, sectionnées, des pilonnes tombées. Nous avons de milliers de kilomètres de lignes, comment seule la SNEL peut les sécuriser ? C’est difficile sans l’apport des autorités étatiques », a-t-il avoué.
Et de déplorer: « Quand on arrête les voleurs en flagrance et du jour au lendemain, on les retrouve dans la circulation avec toute aisance, c’est des actes décourageants. Tout le monde doit fournir un effort, si nous voulons que la RDC puisse booster son économie. Parce que la SNEL, est le moteur du développement. Sans elle, on ne parlera pas de l’émergence. Il faut que tout le monde s’implique. Sinon, on parlera encore et encore, mais sans solution escomptée. Il faut attaquer le nœud du problème et y apporter une solution définitive. »
Forte demande, faible offre, le délestage s’impose
Pour Jean-Louis Nyingika Tshihinga, Chef de gestion clientèle à Kolwezi, qui s’est appesanti sur le problème des délestages enregistrés ce dernier dans le Chef-lieu de la province du Lualaba, c’est un système qui s’impose. « Le principe est tel que, la production doit être égale à la consommation. Une fois cette équation est perturbée, ça engendre des sérieux problèmes dans la ville. »
« Avec tout ce qu’il y a comme problèmes, le délestage ce n’est pas une punition. C’est un moyen que la SNEL utilise face à la saturation du réseau électrique. C’est pour sauvegarder l’équipement et permettre qu’il respire », a-t-il ajouté.
A l’en croire, « s’il faut que l’équipement fonctionne à full charge, on risquerait de tout perdre ». Toutefois, il accuse la population dans quelques coins, d’être à la base des certaines perturbations techniques. « Il y a des quartiers où, étant en délestage, les abonnés se raccordent à l’insu de la SNEL. Et comme conséquence, ce sont les déclenchements à tout moment aux cabines », a fustigé Jean-Louis Nyingika.
La SNEL appelée à s’améliorer
La population autant que le secteur industriel s’impatientent de voir la SNEL améliorer son rendement dans la région Sud, réputée pour les activités extractives. Grâce à l’apport des miniers la société nationale d’électricité entend faire mieux.
« Il y a des projets, où les miniers interviennent. Il y a le projet par exemple de Nseke, on a réhabilité et modernisé les machines depuis 2013, grâce au financement de Tenke-Fungurume Mining (TFM). Les Travaux de modernisation qui s’effectuent à Mwandigusha, c’est avec l’appui d’Ivanoe qui d’ailleurs va faire de même pour Inga. La nouvelle centrale Hydroélectrique de Busanga (240Mw), Sicomines est dedans », a-t-il souligné.
Pour Benjamin Ngoy Musuil, de nombreuses contraintes sont inhérentes dans le quotidien de la SNEL. Face à cette réalité, il soutient que cette société est déterminée à relever les défis.