La décrispation est-elle effective en République démocratique du Congo? La question reste posée. Si le pouvoir a surpris en autorisant le meeting du principal parti de l’opposition le 24 avril dernier à Kinshasa, la situation risque de se compliquer pour la coalition de l’opposant Moïse Katumbi, qui croise le fer avec le président Joseph Kabila, dans un conflit aux allures très personnelles.
Alors que les manifestations politiques à travers Kinshasa étaient interdites depuis plus d’un ans, l’UDPS a été soudainement autorisée à réunir ses partisans à N’djili, commune très populaire de l’Est de la Kinshasa. Cependant, si l’événement a été placé dans le cadre de la libéralisation des espaces politiques, conformément à l’accord signé le 31 décembre 2016, la manifestation du parti d’Étienne Tshisekedi intervenait à peine 24 heures après la signature d’un trêve avec le pouvoir, dans le cadre des funérailles de son leader historique, Étienne Tshisekedi.
« Ensemble pour le Changement », grande coalition qui soutient à la candidature de Moïse Katumbi à la prochaine Présidentielle, n’a jamais eu la même « clémence ». Ses réunions politiques dans l’ex-Katanga ont été dispersées. Dans l’Est du pays, le mouvement citoyen Lucha a également subi le même traitement.
Cependant, sans baisser les bras, et comme pour compliquer la tâche aux autorités congolaises, les partisans de Katumbi appellent à un meeting au même lieu que celui de l’UDPS: le terrain Saint-Thérèse dans la même commune de N’djili, pour le dimanche 2 juin prochain.
Pour l’instant, le gouverneur Kimbuta ne s’est pas encore exprimé à ce sujet. Néanmoins, la tension monte entre Moïse Katumbi et le camp du président Kabila. Dans une interview dimanche au journal belge LE SOIR, l’opposant congolais a ouvertement accusé le Chef de l’Etat de charger à l’assassiner.
« A cause de moi, Joseph Kabila ne dort pas, il sait de quoi je suis capable. Mais moi aussi je le connais… » dit-il, avant d’accuser le président congolais: « Il envoie des gens chargés de m’assassiner, même en Europe, même en Belgique. Je suis sa cible. Mais tout cela n’est rien. Celui qui est au pouvoir est déjà « plafonné », il a atteint ses limites. »