Une nouvelle audience du procès des assassins présumés de Michael Sharp et Zaïda Catalan, deux experts de l’ONU tués en mars 2017 au Kasaï, a eu lieu le lundi 24 juin dernier. Elle a principalement tourné autour du rôle de Jean Bosco Mukanda, ancien chef de milice passé de témoin à principal accusé dans le procès.
Lundi, Albert Ntanga Sakrine, directeur provincial de l’Agence nationale de renseignement (ANR), était appelé à la barre pour confirmer ou infirmer les propos tenus par Jean Bosco Mukanda. L’ancien témoin vedette de l’accusation a toujours affirmé qu’il travaillait en étroite collaboration avec les services de sécurité congolais, ce qui avait été confirmé par RFI et d’autres médias.
Cette confrontation avait pour but de révéler les liens réels de l’accusé avec les services de l’État de RDC, explique-t-on du côté de la justice militaire.
Le patron de l’ANR à Kananga, chef-lieu du Kasaï central, a reconnu qu’il avait été en contact avec l’ancien chef de milice, mais bien plus tard, uniquement à partir du 3 novembre 2017 et pour faciliter l’arrestation d’accusés.
Peu après l’annonce de la désignation du procureur Robert Petit par le secrétaire général de l’ONU, et la publication d’une enquête par RFI et Reuters en novembre 2017, plusieurs personnages-clés comme les chefs Bula Bula, Vincent Manga et les inspecteurs José Tshibuabua et Thomas Nkashama, étaient arrêtés.
Est ce une preuve de l’implication de l’État ? « Mukanda m’a été recommandé par ma hiérarchie de Kinshasa », explique Albert Ntanga Sakrine, qui assure tout ignorer du meurtre lui-même. Une déclaration saluée à l’audience par l’un des avocats de Jean Bosco Mukanda, brandie comme une preuve de la véracité des dires de son client, qui a toujours assuré n’avoir fait que collaborer avec les autorités pendant la crise Kamuina Nsapu.
Un point que les autres avocats de la défense ne contestent pas, sauf que pour eux, c’est bien l’une des preuves d’une implication de l’État. Jean Bosco Mukanda n’était-il pas, par exemple, en contact constant avec des officiers de l’armée congolaise, dont le capitaine Mbwara qui, comme les victimes et les principaux suspects, était hors réseau pendant le meurtre ?
Toujours selon les « fadettes » des principaux acteurs présumés du drame, le directeur provincial de l’Agence nationale de renseignement Albert Ntanga Sakrine était quant à lui plutôt en relation téléphonique, que ce soit avant et même le jour du meurtre, avec un autre accusé, lui-même agent : José Tshibuabua.
Du côté de la justice militaire congolaise, on assure que les audiences vont se poursuivre et que le directeur provincial de l’ANR pourrait être rappelé à la barre, pour toute question ultérieure. Rappelons que ce procès va se poursuivre au courant de cette semaine selon le président de la cour militaire de Kananga.
Thierry Mfundu