Ce lundi 25 mars à Kinshasa, le Président de la République démocratique du Congo et son homologue sud-soudanais, Président en exercice de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), Salva Kiir, ont conjointement animé une conférence de presse.
En toile de fond, la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, mais aussi les relations diplomatiques et bilatérales entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame.
Alors que la piste diplomatique de Luanda augurait un espoir d’apaisement et d’une rencontre directe entre les deux Chefs d’Etat, leurs récentes sorties médiatiques démontrent plutôt la brouille qui plane autour de la position de l’un ou l’autre.
Le sentier de Luanda, bien que les jalons soient déjà posés par les délégations de deux pays voisins, le bétail médiatique à distance a été relancé par les deux Présidents.
Au cours de cette conférence de presse, le Président de la RDC, Félix Tshisekedi a qualifié son homologue Rwandais de « perturbateur », friand des crimes commis dans la région du Kivu.
Pour Tshisekedi, le régime de Kagame au pouvoir depuis avril 2000 constitue un frein au vivre-ensemble entre les peuples congolais et rwandais.
« La crise avec le Rwanda n’a rien à voir avec le peuple. Le peuple rwandais ne vient pas envahir la République démocratique du Congo. Un régime dirigé par un individu et un régime qui est devenu friand de ces genres de crimes et c’est ce régime qui attaque la République démocratique du Congo. Les peuples de deux pays n’ont aucun problème, c’est un problème de régime et comme le savez, il n’est pas éternel. Un jour tout cela s’arrêtera d’une manière ou d’une autre et nous retrouverons le bonheur de vivre ensemble en tant que voisins, c’est ça mon vœu. Pour le moment, il y a un perturbateur… son tour viendra un jour », a martelé Félix Tshisekedi.
Plus tôt dans une interview accordée à Jeune Afrique, Kagame a exprimé l’espoir que le Président angolais, João Lourenco, réussira à surmonter les conditions émises par Kinshasa, notamment le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et le désengagement du M23 des zones occupées dans le Nord-Kivu.
« Ces points, parmi d’autres, devront être abordés par nos équipes respectives. Mais commencer des discussions en posant des conditions n’est pas la bonne manière de procéder. Parfois, certains souhaitent épater la galerie et prendre des positions dans les médias, ce qui ne fait que rendre le problème plus confus. J’espère que le médiateur tentera d’éliminer cette dimension au fil du processus », a déclaré Paul Kagame.
« Si la partie congolaise pose des conditions, cela laisse penser que nous pourrions en faire de même. Nous n’aurions alors pas de points d’accord, et le problème ne serait pas abordé comme il le devrait. Je pourrais ainsi exiger que, pour des raisons sécuritaires, le président Tshisekedi revienne sur ses déclarations de guerre contre le Rwanda et la nécessité d’un changement de régime. Je pourrais aussi dire qu’à moins que les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] se retirent de la RDC je refuse de parler au président Tshisekedi, etc. Ces préconditions ne servent pas l’objectif de paix. J’espère que nous pourrons aller de l’avant », a-t-il renchéri.
Le Président Rwandais a également accusé Tshisekedi d’avoir réussi à « manipuler » des dirigeants et des pays. « Tshisekedi est capable de tout, sauf de mesurer les conséquences de ce qu’il dit », a argué Kagame au cours de cette interview.