L’Alliance Fleuve Congo (AFC), groupe rebelle en coalition avec le M23 et dirigé par Corneille Nangaa Yabeluo – ancien président de la CENI – est désormais dans le viseur du gouvernement congolais qui l’accuse ouvertement de tenter d’étendre son champ d’action dans la province de l’Ituri dans l’objectif de « congoliser » l’agression rwandaise.
Devant les professionnels de médias, au cours d’un briefing presse tenu le lundi dernier à Kinshasa, Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères et Francophonie, a annoncé que le gouvernement de la RDC est informé de cette tentative de propagation et ne compte pas « se laisser faire ».
« Les problèmes sont exposés, notamment celui des FDLR, mais il y a plus. Il faut informer nos compatriotes sur l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui a déclaré s’allier avec le M23. Qu’est-ce que cela signifie ? Il prépare actuellement un plan pour se déplacer du Nord-Kivu vers l’Ituri. Nous savons qu’il y a des personnes qui sont formées quelque part dans ce complot, dans cette machination, pour relier les deux groupes et ainsi prétendre que, voyez, ce n’est pas un problème du Rwanda, mais une affaire entre Congolais eux-mêmes qui s’étend maintenant à l’Ituri », a expliqué le vice-Premier ministre congolais.
Tout en assurant que Kinshasa abordera cette question à tous les niveaux de discussion, Christophe Lutundula a indiqué que le gouvernement est conscient de ces manœuvres et sait également que Paul Kagame « va prétendre n’être pour rien dans cette situation ».
Regroupant d’autres groupes rebelles dont la Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) et Chini Ya Kilima, l’AFC de Corneille Nangaa fut créée en décembre 2023, avec entre autres comme motivation « d’œuvrer pour la refondation de l’État ». Cependant, son rapprochement avec le M23 dès sa création en disait long sur les vraies motivations de ce groupe rebelle et mettait en lumière ses vrais parrains.
Désaccord Kinshasa-Kigali, un point de non-retour ?
Récemment, Félix-Antoine Tshisekedi et Paul Kagame, respectivement Chefs d’État congolais et rwandais, donnaient leurs accords de principe pour se rencontrer sous la médiation du Président angolais, João Lourenço. Pourtant, les récentes prises de position de ces deux homologues semblent ne pas favoriser une rencontre avec des résultats positifs.
Alors que dans une interview accordée à Jeune Afrique, Kagame affirmait : « Tshisekedi est capable de tout, sauf de mesurer les conséquences de ce qu’il dit » ; le Président congolais lui, affirmait quelques heures plutôt, que le régime de Kagame « constitue un frein au vivre-ensemble entre les peuples congolais et rwandais ».
« La crise avec le Rwanda n’a rien à voir avec le peuple. Le peuple rwandais ne vient pas envahir la République démocratique du Congo. Un régime dirigé par un individu et un régime qui est devenu friand de ces genres de crimes et c’est ce régime qui attaque la République démocratique du Congo. Les peuples de deux pays n’ont aucun problème, c’est un problème de régime et comme le savez, il n’est pas éternel », déclarait Félix-Antoine Tshisekedi, après échange avec son homologue sud-soudanais, Salva Kiir Mayardit.
Cependant, malgré ces clashs ouverts, les différentes organisations régionales et sous-régionales ne cessent d’insister sur la relance urgente des processus de paix de Nairobi et de Luanda, respectivement initiés par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et l’Union Africaine (UA).
D’ailleurs, au cours de la conférence de presse conjointement animée le lundi dernier, Tshisekedi et Salva Kiir ont souligné l’importance d’harmoniser et d’établir une complémentarité entre les processus de Nairobi et de Luanda afin de parvenir à « une solution efficace et durable ».