Les consultations pour la formation du prochain gouvernement se poursuivent à Kinshasa. Ce mercredi 17 avril, c’était au tour du regroupement politique FPAU (Forces Politiques Alliées à l’UDPS/Tshisekedi) d’être reçu par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka. Lors de leur rencontre le FPAU a insisté sur deux dossiers prioritaires : la réforme de la justice et la situation sécuritaire dans l’Est du pays.
Selon le député Justin Bitakwira, porte-parole du groupe, cette rencontre a permis au FPAU d’être fixé sur son quota de ministres dans la prochaine équipe gouvernementale, bien qu’il faudra compter sur le pouvoir discrétionnaire du Président Félix Tshisekedi.
« Il est nécessaire de commencer par le FPAU. Nous avons eu des entretiens très cordiaux avec la première ministre, au cours desquels nous avons discuté de l’avenir du pays, que ce soit sur les plans de la sécurité, du social, du judiciaire et d’autres questions nationales. Nous sommes parvenus à un accord concernant le quota qui nous sera réservé dans le futur gouvernement. Bien entendu, nous devons également tenir compte du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’État lui-même, Félix Tshisekedi Antoine Tshilombo, et nous pensons être sur la bonne voie », a déclaré Justin Bitakwira.
Au-delà des postes ministériels, le FPAU a insisté sur les priorités qui devront guider l’action du futur exécutif. La question sécuritaire, avec la guerre à l’Est et l’agression rwandaise, est apparue comme un dossier primordial. M. Bitakwira a plaidé pour un contrôle strict des dépenses militaires afin d’assurer de bonnes conditions de combat aux FARDC.
« Nous avons insisté sur la guerre dans l’Est du pays et sur la nécessité de contrôler minutieusement les dépenses liées à ce conflit, afin que nos militaires puissent se battre dans de bonnes conditions. Nous avons également mis l’accent sur l’avenir de la guerre dans l’Est du pays. Yerodia nous a appris qu’un homme doit savoir faire la distinction entre les vrais ennemis et les faux ennemis, les vrais amis et les faux amis », a-t-il dit devant la presse
Le FPAU estime qu’il faut traiter le Rwanda de Paul Kagame, à l’origine de l’insécurité, en ennemi de la RDC. Une position ferme appuyée par la référence à l’ancien vice-président Yerodia qui invitait à distinguer « vrais et faux ennemis ».
« C’est le cas du Rwanda de Kagame, qui doit être traité comme un État ou un régime ennemi de manière impitoyable par la RD Congo, car les vies qui sont en train d’être perdues ne sont pas insignifiantes, même ici à Mbanza-Ngungu, où des escarmouches se produisent. Nous devons être très attentifs à cette situation », a complété cet ancien ministre sous le régime Kabila.
L’autre chantier souligné par le FPAU concerne les réformes judiciaires. Concernant la justice, ils ont réitéré les propos du Président Tshisekedi jugeant l’appareil judiciaire « malade ». Pour ce faire, Bitakwira propose une cure voir même une chirurgie pour guerre la justice.
« Nous avons parlé de la justice comme l’a dit le président de la République est malade. Et notre justice mérite une cure et une chirurgie parce que maintenant, on a l’impression lorsque vous êtes face aux juges, vous avez tort sans même avoir parlé. Il n’y a pas d’Etat sans la justice », a poursuivi Bitakwira.
Par ailleurs, Justin Bitakwira a souligné que le nouvel exécutif devra réunir des personnalités compétentes mais aussi vertueuses, à l’instar des critères de nomination sous Mobutu où la moralité des ministrables était passée au crible.
« Nous avons échangé sur tous ces sujets. Tout d’abord, nous avons souligné l’importance de la compétence. Nous avons besoin d’acteurs politiques, mais nous avons également besoin de technocrates. Nous avons besoin de ministres ou de politiciens qui ont une moralité. À l’époque de Mobutu, avant de vous nommer ministre, il fallait d’abord vérifier votre lieu de résidence, votre capacité à vivre en harmonie avec vos voisins, votre réputation au sein de votre famille, et même si vous aviez des antécédents criminels… », conclut -t-il.
Ces consultations vont s’achever ce vendredi 19 avril. Le nouveau gouvernement est très attendu pour relancer l’action de l’État face aux défis sécuritaires, économiques et sociaux actuels.