Dans une interview accordée, ce mardi 21 mai, à Jeune Afrique et The Africa Report, le Président Kenyan, William Ruto qui a participé à l’Africa CEO Forum 2024 à Kigali au Rwanda —Forum qui rassemble chaque année les acteurs du secteur privé africain, et a pour but de renforcer son rôle dans le développement du continent— s’est exprimé sur la situation sécuritaire qui prévaut dans la partie Est de la République démocratique du Congo où les terroristes du M23 supplétifs du Rwanda sèment la terreur et la désolation dans le chef de la population congolaise.
Pour le Président Ruto, cette crise sécuritaire dans la partie Est de la RDC et les tensions actuelles entre Tshisekedi et Kagame ne pourront se résoudre que par «une solution congolaise».
«En tant que chefs d’État, lors d’une réunion, nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe sont-ils des Rwandais ou des Congolais ? Et la RDC nous a dit : Ce sont des Congolais. Fin du débat. Si ce sont des Congolais, comment est-ce que cela devient un problème du Rwanda ? Comment est-ce que cela devient un problème de Kagame ? C’est un problème congolais», a-t-il déclaré.
À cet effet, il a appelé le gouvernement congolais à reconnaître que «la rébellion du M23 est un problème congolais qui nécessite une solution congolaise».
D’après lui, puisque la question est réglée selon laquelle le M23 est congolais et constitue un problème congolais, il est nécessaire de trouver une solution congolaise.
«Et à notre avis, écouter toutes les parties, qu’il s’agisse du processus de Luanda ou du processus de paix de Nairobi, était la bonne manière de trouver une solution durable au conflit. Pour le processus de paix de Nairobi, je peux parler avec autorité parce que j’ai assisté à certaines réunions. Le M23 veut s’impliquer dans le dialogue. Ils disent : Pourquoi nous enfermez-vous, nous sommes Congolais, nous avons des problèmes, nous voulons parler à notre gouvernement», a-t-il laissé entendre.
Selon lui, en effet, il n’y a pas de meilleur résultat que lorsque des citoyens lésés sont prêts à engager un débat avec leur gouvernement pour régler leurs problèmes.
« Je fais cela tout le temps, lorsque l’opposition, par exemple, au Kenya, soulevait des questions sur une élection que j’avais remportée équitablement et équitablement, six mois plus tard… Je leur ai dit, d’accord, parlons-en. On s’est assis, on a parlé, ça ne m’a rien enlevé. Nous avons engagé une conversation, nous avons réglé les problèmes, nous avons porté l’affaire devant le Parlement, il y a maintenant un processus », a-t-il fait savoir.
«Une solution militaire ne pouvait pas fonctionner»
S’exprimant sur l’expulsion de la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) de la RDC en décembre dernier, William Ruto a tenu à souligner que le défi dans l’Est de la RDC ne peut être résolu par le recours à la force militaire, surtout si ceux en lice sont disposés à engager une conversation.
«C’est pourquoi nous avons demandé au gouvernement de la RDC d’envisager sérieusement d’utiliser les instruments disponibles dans le processus de paix de Nairobi, qui est un processus de dialogue, ou dans le processus de paix de Luanda, qui est également un processus de dialogue, ou même une combinaison des deux. Plutôt, nous utiliserons les instruments de dialogue et de consultation qui sont en place, plutôt nous résoudrons ce problème» a-t-il indiqué.
Aussi, il a déclaré avoir eu une conversation avec les dirigeants de la SADC et les a avertis qu’une solution militaire ne pouvait pas fonctionner.
« Je pense que lentement, après plusieurs mois, ils sont désormais d’accord avec nous sur la nécessité de repenser la question de savoir si nous devrions déployer plus de troupes ou si nous devrions déployer plus de personnes pour engager un dialogue, une consultation, une conversation parce que ce sont des citoyens prêts et disposés à engager leur gouvernement», a-t-il noté.
À l’en croire, si on le lui demande, il dirait : «oublions de compliquer ce problème. Il ne s’agit pas du Rwanda et de la RDC. Il ne s’agit pas de Kagame et de Tshisekedi. Il s’agit des citoyens et de leur gouvernement».
«Et si nous le comprenons dans ce contexte, plus vite nous résoudrons le problème», a-t-il lâché.