La récente sortie médiatique du Président kenyan William Ruto dans le journal Jeune Afrique, où il commente la situation d’insécurité dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), est non seulement biaisée mais également profondément erronée. Il est inadmissible de simplifier un conflit complexe en ignorant délibérément les implications régionales et internationales qui exacerbent la crise.
William Ruto affirme que le M23, étant composé de Congolais, est un problème purement congolais et n’a rien à voir avec le Rwanda. Cette vision réductrice ne tient pas compte de la dynamique géopolitique et des interventions étrangères documentées dans cette région. Comparer la crise en RDC à un simple problème interne revient à méconnaître les bases mêmes de l’histoire des conflits et de leurs résolutions.
Cette analyse simpliste est d’autant plus choquante qu’elle rappelle des comparaisons fallacieuses. Dire que les terroristes du 11 septembre, bien que de nationalité américaine, n’ont rien à voir avec les Talibans afghans, ou que les terroristes français alliés à l’État islamique relèvent d’un problème exclusivement français, est une aberration. Cela démontre une profonde ignorance ou un mépris des rapports établis par les Nations Unies, la MONUSCO, et d’autres experts internationaux sur la présence et l’implication de l’armée rwandaise en RDC.
Il est indispensable de rappeler que la présence des forces rwandaises en RDC est largement documentée et confirmée par des sources crédibles. Même le Président rwandais, Paul Kagame, a justifié cette présence lors de plusieurs interventions médiatiques. Par ailleurs, les efforts diplomatiques menés par des pays tels que l’Angola, la France et les États-Unis pour réunir Félix Tshisekedi et Paul Kagame autour d’une table de négociations démontrent la reconnaissance internationale de l’implication rwandaise dans le conflit.
Les propos de William Ruto ne peuvent avoir qu’une seule conséquence diplomatique : le retrait de la RDC du processus de Nairobi. Un processus qui, à ce jour, est miné par la myopie et le parti pris du Président kenyan. Une vision aussi biaisée et superficielle explique pourquoi l’Afrique peine à progresser. Elle entrave la pensée rationnelle et la résolution effective des conflits sur le continent.
La RDC mérite des partenaires sérieux, engagés et informés, capables de reconnaître la complexité des crises et de travailler de concert pour des solutions durables. En ignorant les faits et en simplifiant à outrance des situations critiques, le Président Ruto trahit non seulement le peuple congolais mais aussi les efforts collectifs pour la paix et la stabilité dans la région.
En conclusion, nous rejetons en bloc cette analyse fallacieuse et appelons à une prise de position plus responsable et éclairée de la part des dirigeants africains. Seule une compréhension profonde et une approche multilatérale permettront de résoudre les crises qui sévissent sur notre continent.