La République démocratique du Congo est encore un pays en proie à une insécurité cruelle dans sa partie Est. Ces hostilités, qui n’ont que trop duré, ont causé des morts à n’en point dénombrer exactement les chiffres et ce, depuis près de 30 ans. Ce qui continue de détériorer la situation humanitaire dans la province du Nord-Kivu.
Selon le dernier rapport publié ce vendredi 24 mai, les Médecins Sans Frontières (MSF) indique que l’intensification des combats depuis le début de l’année entre plusieurs groupes armés, dont le M23, et les forces armées congolaises, semble de plus en plus affecter les déplacés dans les Kivus et en particulier autour de Goma.
À en croire cette organisation internationale, depuis le début de l’année, dans les camps des réfugiés autour de Goma, les tirs d’artillerie lourde entre belligérants ont causé la mort de 23 personnes et fait 52 blessés. Depuis février dernier, au moins 18 civils, en majorité des femmes et des enfants, sont décédés et 32 autres ont été blessés lors de bombardements touchant plusieurs sites de déplacés au cours de la seule matinée du 3 mai.
« À Goma, les personnes déplacées se retrouvent aujourd’hui dans une situation similaire à celle qu’ils avaient initialement fuie : ils sont dans l’insécurité la plus totale et n’ont plus aucune échappatoire. Les camps de déplacés doivent être respectés par toutes les parties au conflit et les combats doivent cesser à proximité », a expliqué Marie Brun qui est coordinatrice d’urgence pour MSF.
Ce contexte d’insécurité grandissante se superpose à des conditions de vie extrêmement précaires. Les personnes déplacées vivent dans des camps densément peuplés, aux conditions sanitaires déplorables sans accès adéquat à l’hygiène, dans des abris faits de bâches en plastique sur des sols jonchés de pierres volcaniques. L’accès à l’eau potable et à la nourriture est très difficile et aléatoire.
« Ces ces dernières semaines, la ville de Goma s’est peu à peu retrouvée encerclée par plusieurs lignes de front, avec entre 600 000 et 1 million de personnes déplacées et deux millions d’habitants entassés sur un territoire restreint. les civils sont pris en étau entre les différents groupes armés, blessés ou tués dans des tirs croisés, victimes de la criminalité et plus particulièrement de violences sexuelles », a-t-elle poursuivi avant de préciser que la concentration de porteurs d’armes à l’intérieur et autour des camps et le rapprochement des positions militaires à proximité immédiate des personnes déplacées a entraîné une augmentation généralisée du niveau de violences.
À cet effet, MSF appelle toutes les parties aux conflits à respecter le droit international humanitaire et toutes les protections accordées aux civils, aux établissements de santé, aux patients et au personnel médical.
« Dans le Nord et le Sud-Kivu, nos équipes travaillent dans un contexte sécuritaire volatile avec des difficultés de déplacement, d’acheminement de l’aide humanitaire et un accès incertain aux centres de santé que nous soutenons. Malgré la nature médicale et humanitaire de notre réponse à cette crise, le personnel de MSF n’a pas été épargné par les actes d’intimidation d’hommes armés », a-t-elle conclu.
Silas MUNGINDA