Kinshasa a pris son temps pour répondre au volte-face inattendu du président kényan, William Ruto, sur la situation sécuritaire et humanitaire qui se détériore dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), où les terroristes du M23, soutenus par le Rwanda, sèment la terreur et la mort.
William Ruto a surpris tout le monde après une interview accordée en prenant délibérément parti pour le Rwanda et cela à seulement dix jours après qu’il ait expédié sa délégation à Kinshasa pour raffermir les relations entre la RDC et le Kenya.
« En tant que chefs d’État, lors d’une réunion, nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe sont-ils des Rwandais ou des Congolais ? Et la RDC nous a dit : Ce sont des Congolais. Fin du débat. Si ce sont des Congolais, comment est-ce que cela devient un problème du Rwanda ? Comment est-ce que cela devient un problème de Kagame ? ». C’est ce qu’avait déclaré chez Jeune Afrique en mai dernier le président kényan avant d’asséner : « En quoi le M23 est-il le problème de Kagame ? C’est un problème congolais ».
Ces allégations ont soulevé des tensions à Kinshasa et tout le monde voulait savoir comment le gouvernement congolais congolais allait régler la situation. Et le moins que l’on puisse dire, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi sembler avoir pris sa revanche.
Selon nos sources à la Présidence de la RDC, le président de la République a boycotté un sommet des Chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) chapeautée actuellement par le président sud-soudanais Salva Kiir.
Toujours selon notre source qui a requis l’anonymat, Félix Tshisekedi entend de faire savoir à ses homologues ses mécontentements sur les déclarations du président Ruto.
« Le président [Félix Tshisekedi] n’y était pas. C’est un geste de boycott pour exprimer nos mécontentements en vers l’EAC sur notamment les propos de Ruto de la fois dernière », a confié à POLITICO.CD notre source à la Présidence.
L’EAC, sous la gouverne kényane (2021-2023) avait connu «la bérézina» dans sa mission de pacifier l’Est de la RDC en proie à l’activisme des groupes armés étrangers et locaux, dont principalement le M23. Un groupe armé qui, selon plusieurs rapports onusiens, est un supplétif de l’Armée rwandaise.
En mai 2023, le président congolais a déploré la cohabitation entre les forces de l’EAC déployées dans l’est de la RDC et les groupes armés, précisément avec les rebelles du M23. Ce qui a précité le départ de cette force fin 2023 au profit de la Force de la SADC (SAMIDRC).