La République Démocratique du Congo refuse de dormir sur ses lauriers dans le combat qu’elle mène contre l’exploitation illégale de ses ressources minières dont utilise, selon elle, entre autres le géant américain Apple. Profitant de leur passage à Kinshasa, les avocats mandatés par Kinshasa, Robert Amsterdam et William Bourdon, ont fait le point sur cette procédure menée en France et aux États-Unis au cours d’une rencontre avec la presse cette semaine, à en croire une dépêche des services presse du ministère de la communication, consultée ce vendredi 08 juin par POLITICO.CD.
Me Robert Amsterdam et Me William Bourdon ont réaffirmé leur détermination à dénoncer le rôle du géant américain dans l’utilisation de «minerais de sang» issus des zones de conflit dans l’Est de la RDC. Selon eux, il faut agir et « trouver les vecteurs d’influence pour montrer et prouver à tout le monde qu’il y a du sang dans les téléphones d’Apple ».
A en croire ces avocats mandatés par Kinshasa, tout le monde doit prendre conscience de ce qui se trame réellement dans les chaînes d’approvisionnement d’Apple. Ils comptent sur la multinationale pour mettre un terme au commerce de minerais obtenus au prix de vies humaines en RDC.
«Tout le monde doit savoir ce qui se passe dans la chaîne d’approvisionnement des téléphones qu’il a en mains. Nous comptons sur la société Apple. Nous pensons qu’elle peut agir pour décourager le commerce de ces produits exploités au prix du sang coulé», ont fait savoir les avocats Robert Amsterdam et William Bourdon.
«Notre démarche est de rendre responsables ceux qui continuent sur ce chemin d’impunité. Nous avons un devoir d’inventivité et d’imagination juridique pour faire triompher la démarche des autorités de la République démocratique du Congo et donner l’estocade finale à Apple et toutes les autres multinationales impliquées dans l’exploitation des minerais de sang», confient-ils.
Le ministre congolais de la Communication et des Médias a expliqué que cette action judiciaire s’inscrit dans une stratégie globale, sur les plans diplomatique, militaire, économique et médiatique, pour mettre fin à l’exploitation illégale des ressources minières de la RDC. Il a assuré que le « peuple congolais suit et attend les résultats de cette démarche ».
«Autant, on se déploie sur le front diplomatique et le front militaire, autant nous opérons en même temps sur le front judiciaire, le front économique et sur le front médiatique. Nous irons encore davantage sur le front médiatique. Nous allons maintenir la vigilance et nous assurer que nous faisons comme gouvernement tout ce que nous devons faire pour amener la paix dans l’Est de la RDC, mais aussi pour recouvrer nos intérêts qui ont été indûment perçus par ceux qui profitent justement des recettes de nos minerais», a-t-il déclaré.
Le professeur Ivon Mingashang, coordinateur de la Task-Force Justice Internationale mise en place par Kinshasa, s’est dit convaincu que la RDC a toutes les chances de gagner cette bataille judiciaire. Contrairement à un précédent contentieux avec l’Ouganda, les autorités estiment disposer cette fois de preuves solides pour étayer leurs accusations.
«Ces erreurs nous ont enseigné et nous ne les reprendrons plus. Pour cette démarche, au sein de la task force, nous avons tout un service qui s’occupe de la recherche des informations, identification des données et de leurs archivages. Il se documente correctement au quotidien. Ce qui nous aidera progressivement», a-t-il avancé.
La RDC a lancé en avril dernier une mise en demeure contre Apple aux Etats-Unis et en France, soupçonnant l’entreprise d’utiliser dans ses produits des minerais extraits illégalement dans l’Est du pays, zone en proie aux conflits armés depuis plus de 30 ans.