Le 19 juin de chaque année a été institué par l’assemblée générale des Nations-Unies, «Journée Internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit». Une journée qui vient mettre sous les feux des projecteurs cette tragédie humanitaire et donner de la voix à des millions de victimes à travers le monde.
Ainsi, la partie Est de la RDC longtemps considérée comme l’épicentre des violences, le pays vient de franchir un pas de géant dans la reconnaissance du statut des victimes et la prise en charge de la femme victime de viols en milieu de conflit en créant le FONAREV.
À cet effet, la Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi —championne des Nations Unies dans la lutte contre les VBG liées au conflit— a porté la question jusqu’à la création du FONAREV pour enfin rendre à la victime sa dignité au travers des réparations.
Quelques mois après sa création, il était important pour la Première Dame de se plonger au cœur du processus de réparation.
«FONAREV, c’est un bébé que je porte. Vous avez vu comment ce projet a emballé tout le monde. La communauté internationale, les Nations-Unies. Le chef de l’Etat a apporté son soutien. Sachez que les yeux sont tournés vers vous. A ce stade, je ne peux que vous souhaiter une bonne continuation, beaucoup de courage, sagesse, amour, compassion, compression les uns envers les autres, que Dieu vous accompagne», a déclaré Denise Nyakeru Tshisekedi, championne des Nations-unis dans la lutte contre les VBG liées au conflit.
Où en est le processus ? Quelles sont les provinces cibles ? A quand le début des réparations, quel est le nombre des victimes concernées par les réparations ? Autant de questions qui ont trouvé de l’éclairage au cours d’une séance de travail avec le Conseil d’Administration, la Direction générale et les cadres du FONAREV.
De la cartographie des incidents aux consultations des victimes pour évaluer leur besoin, en passant par les missions exploratoires dans les provinces cibles à l’identification des victimes, toutes les grandes étapes de la politique nationale de réparation des victimes et l’installation des sièges du FONAREV à Kinshasa et dans les provinces du Nord kivu, Haut Katanga, Lualaba, Kananga et Ituri ont été expliquées à l’Epouse du Chef de l’Etat.
À l’issue de cette séance de travail, le Directeur Général, Lucien Lundula Lotatui, a pour sa part, rappelé les contraintes de terrain et le besoin du soutien des pouvoirs publics.
«Le 9 mois d’existence du FONAREV, et à mon tour en tant que Directeur Général, nous avons remercié la discernée Première Dame pour son implication, le plaidoyer, qu’elle a tout simplement accompagné le FONAREV dans son opérationnalisation, et puis la table ronde, en passant par la Commission ADOP, et pour finaliser, finalement, la loi Fonds d’Arrêve, ainsi que la nomination des acteurs. Le FONAREV, il faut le dire, c’est un peu non seulement de la volonté du chef de l’État, mais c’est surtout aussi d’un grand plaidoyer que la très distinguée Première Dame, qui est championne des Nations-Unies contre les violences sexuelles liées en période de conflit. Et nous, en tant que FONAREV, le ministre de l’État nous a aujourd’hui honorés pour que nous puissions effectivement présenter toute la structure du FONAREV, avec les différentes directions, et nous avons pu échanger sur les différents aspects de notre travail, et elle nous a prodigué quelques conseils, et également des orientations, par rapport à la vision du chef de l’État de matérialiser les réparations en RDC.
Au moins 10 millions de victimes identifiées dans 8 provinces
D’après le DG du FONAREV leur métier, c’est l’identification des victimes. À cet effet, ils ont d’abord procédé par ce qu’ils appellent la certification des incidents.
«Les incidents, nous avons procédé sur huit provinces de la RDC, en mettant huit provinces pilotes. A travers ces huit provinces pilotes, nous avons procédé à ce que nous appelons la documentation et la certification des incidents. Là-dessus, il était question de savoir quels types d’incidents se sont déroulés dans tel ou tel autre territoire de la RDC. On les a identifiés. Sur les huit provinces, nous sommes arrivés avec un nombre de 2475 incidents qui se sont déroulés sur les huit provinces que nous avons procédé en tant que provinces pilotes. Et ces 2475 incidents correspondent à plus ou moins 10 millions de victimes sur ces huit provinces. Au-delà de ça, nous avons procédé à l’élaboration de tout ce qui concerne l’identification en tant que tel ou tel écosystème. Comment allons-nous travailler en tant que FONAREV? Il nous faut collaborer avec les institutions. Nous n’avons pas vocation à venir remplacer les institutions qui ont toujours travaillé dans ce domaine, mais nous allons collaborer avec eux», a-t-il indiqué.
Selon lui, ils ont pu établir ou identifier plus ou moins 807 écosystèmes à travers ces huit provinces qui vont leur permettre finalement de les identifier. Ils vont, dit-il, finalement les déployer au nombre de cinq écosystèmes par province.
«Une fois que nous avons terminé avec tout ce qui est identification, il a fallu maintenant que nous puissions récolter les décisions de justice. Parce que vous savez que depuis 1900, le FONAREV va procéder aux réparations en RDC, depuis 1993. Donc il a fallu voir aussi en termes de décision de justice, aller collecter ces décisions de justice. Et là aussi, nous avons pu établir plus ou moins 602 décisions de justice qui correspondent à plus ou moins 15 000 personnes qui nous faudra par après les enregistrer dans ce que nous appelons la LUC (la liste unifiée et consolidée des victimes) en RDC. Une fois que ces victimes seront enregistrées au sein de la LUC, c’est à ce moment là qu’on saura comment il faut procéder», a-t-il expliqué.
À l’en croire, il y a si peu, le FONAREV avait également établi ce qu’ils appellent le plan national des réparations en République démocratique du Congo.
«Ce plan nous dit pour quel type de préjudice, voici tel type de réparation qu’il nous faudra aborder. Nous avons également travaillé sur l’élaboration de comment les ONG et toutes les structures qui accompagnent les victimes seront enregistrées, comment nous devrons travailler avec eux. Vous voyez qu’il y a toute une série de préalables en matière d’identification qu’il nous faut absolument aboutir ou réparer. Mais enfin, la troisième partie, c’est les réparations proprement dites. En matière de réparations proprement dites, nous allons, au moment où je vous parle là maintenant, récruter près de 807 personnes qui seront des agents qui vont aller au niveau des centres d’identification des victimes pour identifier exactement les victimes pour lesquelles nous allons opérer des réparations. Mais les réparations, comme on vous l’a dit tout à l’heure, le nombre est tellement élevé qu’il nous faut voir dans quelle mesure nous allons combiner à la fois les réparations individuelles mais également les réparations collectives. Donc vous voyez qu’en termes de réparations individuelles, nous avons également un panoplie de programmes. Parce qu’il s’agira d’accompagner ces victimes psychomédicalement. Il s’agira de faire du relèvement et de réinsertion socio-économique, mais tout ça nous indique qu’il y a vraiment un travail à faire de manière individuelle», a souligné Lucien Lundula Lotatui.
Pour cette année 2024, souligne-t-il, au niveau du département des opérations, FONAREV a répéré ou planifié 55 projets qui devraient être réalisés à travers les 8 provinces pilotées.
Par exemple, à Makobola, dit-il, les victimes ont demandé qu’ils puissent ériger un monument en mémoire de 150 femmes enterrées vivantes lors de l’incursion de certains pouvoirs armés, notamment Pierre Lenoir en ce moment-ci.
«Mais il nous faut aussi construire les inductions d’eau, il nous faut réhabiliter les hôpitaux. Vous voyez que c’est un vaste programme du chef de l’État, du gouvernement s’en suit à travers le fournaire pour que nous puissions aller toucher les victimes qui longtemps ont été abandonnées. Aujourd’hui, nous avons le slogan qui est là, qui dit que toutes les victimes ne seront plus jamais seules. Le fournaire, c’est vraiment un grand programme du chef de l’État et du gouvernement congolais pour faire en sorte que ceux qui ont été longtemps abandonnés puissent finalement recevoir un peu d’espoir pour vivre leur vie à travers le programme du fournaire», a-t-il conclu.
La visite de la Première dame Denise Nyakeru Tshisekedi aux installations du FONAREV revêt deux symboliques. La première c’est cette attention de voir aboutir ce processus entamé et la deuxième celle de dire aux victimes que désormais, elles ne seront plus jamais seules.