« Le Rwanda parvient à torpiller la nomination du représentant de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs ». C’est ainsi qu’a titré le média généraliste français Le Monde dans un article paru ce lundi 24 juin. Selon le média, Kigali s’y est opposé du « fait des critiques du royaume contre l’ingérence rwandaise en République démocratique du Congo ».
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, devait, d’ici mi-juin, nommer son premier représentant spécial pour la région des Grands Lacs, qui réunit le Rwanda, le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC). Une décision qu’il a prolongé jusqu’au 5 juillet, d’après un e-mail a été envoyé aux Etats membres le 14 juin pour les en informer.
Pour ce poste, deux candidats avaient bien été auditionnés. Il s’agit de Pekka Haavisto, ancien ministre finlandais des affaires étrangères, qui a fini par se désister, parce qu’il ne parle pas français, alors que la région est francophone. Dans la course restait le second prétendant : le Belge Bernard Quintin. Ce dernier est ancien directeur Afrique du service diplomatique européen et faisait l’unanimité des Etats membres. Cependant, il ne sera pas non plus le prochain envoyé spécial dans la région.
Selon média spécialiste Africa Intelligence, cité par Le Monde, Kigali avait fait parvenir son refus avant même le président rwandais ne voie Emmanuel Macron, le président français, jeudi 20 juin dernier. C’est par un entretien téléphonique datant fin avril le président rwandais a dit à son homologue français son opposition à ce choix.
Paris, mais également d’autres pays comme la Suède ou le Danemark, ont alors fait savoir qu’avant toute nomination d’un envoyé spécial, il fallait s’assurer de sa bonne réception dans les pays de la région. « Si l’on veut qu’un tel représentant soit efficace, il faut qu’il puisse parler à tout le monde et soit reçu par l’ensemble des acteurs régionaux. Si un pays s’y oppose, cet envoyé spécial européen sera affaibli », argumente un diplomate européen qui s’est confié au généraliste français.
Le Rwanda est militairement très engagé en RDC, avec ses sujets qui combattent aux côtés des terroristes du Mouvement du 23 mars (M23), auteurs de la situation sécuritaire et humanitaire critique dans l’est du territoire congolais. Historiquement considérée comme proche de la RDC, la Belgique s’était opposée à l’agrément de Vincent Karega, choisi par Kigali pour être ambassadeur à Bruxelles. Il est bien clair que ceci justifie également le refus de Kigali de la nomination d’un diplomate belge dans les Grands Lacs.