Les résultats partiels des législatives au Royaume-Uni livrent déjà ses secrets. Le parti Travailliste est proclamé vainqueur, en remportant la majorité absolue, mettant ainsi fin aux 14 années de l’hégémonie des conservateurs. Dans ce contexte, Keir Starmer est le prochain premier ministre de UK, et va remplacer ainsi Rishi Sukak à la tête du gouvernement britannique.
Ce changement va inexorablement entraîner le réajustement de politique, impactant aussi la politique étrangère de ce pays de la région européenne. En effet, ces législatives ont remis sur la place publique l’épineuse question de l’accord sur le rapatriement des demandeurs d’asiles arrivés illégalement au Royaume Uni vers le Rwanda.
Alors que le parlement britannique a adopté en avril dernier le projet de loi Safety of Rwanda « sûreté du Rwanda », le prochain premier Ministre Keir Starmer est vend debout contre cet accord et promet de le revoir. BBC avance que Stamer qualifie ce projet d’ « irréalisable et coûteux pour les contribuables ».
« Ces plans sont inapplicables, ils sont exorbitants, ils vont coûter des milliards de livres aux contribuables et ils sont le reflet d’un Premier ministre qui n’a rien à dire, qui ne répond pas aux questions auxquelles il faut répondre et qui n’a pas honte. Je pense que le Royaume-Uni mérite mieux que cela », a-t-il lancé, tout en se demandant qu’est-ce qui a poussé son prédécesseur à « proposer à M. Kagame des centaines de millions de livres sterling pour rien en retour ?».
Une perte pour Kigali
Le Rwanda va sûrement perdre un bon deal, d’autant plus que beaucoup de fonds lui étaient destinés à la réalisation de ce projet qui divise déjà en Grande Bretagne, où une bonne partie de l’opinion remet en cause la sûreté au Rwanda. L’histoire derrière cet accord conclu en avril 2022, alors que le conservateur Boris Johnson était encore Premier ministre, est que son gouvernement jugeait nécessaire de trouver de nouvelles mesures pour freiner la monter des demandes d’asile et des arrivées clandestines. Une véritable opération de dissuasion.
Selon Le Monde, l’examen des demandes d’asile, dans le cadre de cet accord, est confié à Kigali, qui une fois ce dernier approuve les demandes, les demandeurs seront autorisés à rester au Rwanda. Dans le cas contraire, ils peuvent demander à s’y installer pour d’autres motifs, ou solliciter un autre « pays tiers sûr ». En revanche, les demandeurs n’auront en effet aucune possibilité de regagner le Royaume-Uni.
Un soulagement pour Kinshasa
L’accord sur le renvoie des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni à Kigali a suscité et continue de susciter plusieurs commentaires aussi bien à Kigali qu’à Kinshasa. La République démocratique du Congo, qui a sa partie Est très fragile, redoute que ce rapatriement massif des migrants envenime la situation sécuritaire qui est déjà délétère.
Considéré comme le ventre mou de la RDC, l’Est de la République démocratique du Congo est actuellement en proie à l’insécurité par, entre autres, l’activisme du groupe rebelle du M23 soutenu par le régime de Kigali à en croire plusieurs rapports internaux dont ceux des experts indépendants de l’ONU. Au delà de ce dernier, il y a aussi le groupe terroriste des ADF, qui a fait allégeance à l’Etat islamique commettant cependant plusieurs exactions dans cette partie du pays. Sans compter plusieurs centaines d’autres forces négatives actives dans cette zone orientale.
La position de Keir Starmer conforte la position de Kinshasa qui tient à venir à bout de cas d’insécurité et celle des organisations de la société du Nord-Kivu qui se posent des questions sur la qualité de ces réfugiés, vu que la responsabilité d’autorisation revient exclusivement au Rwanda.