8 juillet 2011 – 8 juillet 2024, celà fait 13 ans depuis le crash d’avion de Hewa Bora à Kisangani, dans le nord-est de la RDC. Le 08 Juillet 2011, un avion de la compagnie Hewa Bora de marque Boing 727 s’est écrasé à environ 300 mètres de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Bangboka à Kisangani faisant le même jour 74 morts, plus de 30 blessés et 14 personnes saines et sauves.
Le lendemain de ce crash, le Président de la République Joseph Kabila Kabange de l’époque s’était rendu aux chevets des victimes et des survivantes dans les centres hospitaliers de Kisangani, accompagnés de deux ministres du gouvernement central. Il a affrété un avion spécial pour évacuer les blessés à Kinshasa pour des soins appropriés.
À l’atterrissage de cet avion à Kinshasa, quelques évacués y périrent faute de meilleures conditions de prise en charge pendant le vol, se rappelle le miraculeux rescapé Dismas Kitenge, président du Groupe LOTUS et Vice-Président Honoraire de la FIDH.
Dismas Kitenge, une des dizaines des survivants de ce crash d’avion au jour d’aujourd’hui, le 08 juillet 2024, se souvient de l’événement et le décrit de la manière la plus triste. « Je revenais d’une mission des droits humains de Paris en France au siège de la Fédération Internationale pour les droits humains, FIDH, dont j’étais le vice-président et pour arriver à Kisangani où je devais exercer mes responsabilités comme enseignant à la faculté de droit de l’université de Kisangani, je devais prendre l’avion de Hewa Bora le vendredi 08 juillet 2011 de Kinshasa a Kisangani », raconte cet acteur des Droits Humains.
D’après lui, cet avion de Hewa Bora était full, soit 118 personnes à bord dont 114 passagers et 14 membres de l’équipage. « J’étais en business class à côté du Général HAMULI, ancien numéro 1 de la police nationale congolaise, survivant comme moi et du propriétaire des établissements PALOS décédé », ajoute Kitenge, à POLITICO.CD
À l’en croire, avant de quitter Kinshasa, le commandant en chef, un certain pilote Mr Paul, surnommé commandant des situations difficiles, avait annoncé qu’il faisait 22 degrés de température à Kisangani. « J’ai crié en disant qu’il faisait froid et même un mauvais temps à Kisangani. Le pilote nous a rassurés qu’on arriverait à Kisangani sans problème. Il ne nous a pas annoncé qu’il pleuvait abondamment à Kisangani », témoigne Dismas Kitenge.
à Bangkoka, le miraculeux crach
Plus d’une heure dans les airs, Hewa Bora s’approche de l’aéroport international de Bangboka. Les nuages sont sombres. Le crach est miraculeux. « après nous avoir annoncé que dans six minutes, nous serions au sol, j’ai entendu un bruit semblable à une explosion et j’ai perdu connaissance près d’une vingtaine de minutes avant de revenir en vie et de réaliser que nous venions de faire un crash d’avion et qu’il pleuvait abondamment à Kisangani », se souvient Kitenge.
Coincé dans les débris de cet avion et bloqué par la ceinture de sécurité, Dismas Kitenge pleurait et implorait la grâce divine pour sortir de ce danger de mort. « Alors je réussis à ouvrir la ceinture et à sauter dans le marécage sur lequel l’avion s’est écrasé. Après une vingtaine de minutes, je vis l’arrivée des premiers secours de premières personnes. Mr Guy Lusangi, Dr Jean Paul Lombale, Mr René Sileki, le policier Mara etc… J’avais de grosses blessures sur le visage et je saignais terriblement », avoue-t-il.
« Je fus évacué aux cliniques universitaires de Kisangani et quelques heures après, j’ai perdu connaissance et j’entrai au coma quelques jours. Dés la reprise de la vie, je me suis souvenu avoir perdu dans ce crash d’avion de Hewa Bora une belle-sœur Jennifer KASANGANI, mon collègue et proche collaborateur du Groupe LOTUS Franck ΚΟΥ MAWADE, Directeur Exécutif de notre association et d’autres personnes que j’ai vues dans cet avion comme Mgr Camile LEMBI, évêque d’isangi et de l’homme d’affaires PALOS », se souvient-il.
Hewa Bora et le gouvernement, toujours muets
13 ans après, Dismas Kitenge affirme n’avoir pas été accompagné par la compagnie Hewa Bora moins encore le gouvernement congolais. Cependant, celà n’est plus question, le rescapé interpelle le gouvernement congolais à plus de sécurisation et de responsabilité dans le contrôle et la gestion du trafic aérien en RDC.
« Je n’ai bénéficié d’aucune aide (Hewa Bora et Gouvernement) pour mes soins tant à Kisangani, Kinshasa qu’à Paris en France. La mobilisation de ma famille et des collègues des droits humains de la RDC et du reste du monde m’a été d’un appui incommensurable pour mon suivi médical, psychologique et celui de ma famille. Chaque atterrissage de l’avion me rappelle ce crash au point que je ne reste dans un avion au siège fenêtre pour ne pas voir l’atterrissage mais plutôt un siège couloir car le traumatisme revient à ce moment », a-t-il souligné.
D’après toujours lui, malgré la mise en place du collectif des familles des victimes et des survivants du crash d’avion de Hewa Bora de Kisangani et toutes les pressions exercées sur la compagnie aérienne HEWA BORA et le gouvernement congolais, seulement une dizaine de familles avaient obtenu une indemnisation sur les 95 personnes décédées au total.
Bien plus, confie Dismas Kitenge à POLITICO.CD, aucun rapport officiel des enquêtes sur ce crash d’avion n’a été rendu public et accessible en dépit des promesses publiques des autorités de l’aviation civile et du gouvernement congolais.
13 ans après ce drame aérien horrible, poursuit-il, le gouvernement congolais et l’autorité de l’aviation civile n’ont pas tiré suffisamment des leçons pour assainir et sécuriser davantage l’espace aérien congolais et n’ont pas exigé les compagnies aériennes opérant en RDC de s’équiper des avions et des matériels de nouvelles technologies répondant aux standards internationaux.
Il regrette que ces derniers n’ont toujours pas voulu doter la Régie des voies aériennes (RVA) de nouveaux équipements et des appareils de sécurité de niveau international, de réhabiliter les infrastructures aéroportuaires ou construire de nouveaux aéroports de standard international et de moderniser les instruments d’aide à la navigation aérienne, renforcer le niveau du personnel technique chargé du contrôle du trafic aérien et de sa surveillance, et obliger toutes les compagnies aériennes opérant en RDC de se doter des assurances viables, fiables et même internationales pour faire face à diverses éventualités.