L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a averti, ce vendredi 12 juillet, que la République démocratique du Congo (RDC) est au cœur d’une « catastrophe sanitaire grandissante », soulignant que les épidémies se sont « gravement détériorées » ces derniers mois en raison des violences et des inondations.
Selon les informations rapportées par OCHA-RDC, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que la RDC a été confrontée à une escalade du conflit et de la violence, entraînant des déplacements massifs, des maladies généralisées, des violences basées sur le genre et de graves traumatismes mentaux, en particulier dans l’est du pays.
« En conséquence, la population est confrontée à des épidémies de choléra, de rougeole, de méningite, de variole et de peste, toutes exacerbées par les graves inondations et glissements de terrain qui touchent certaines parties du pays », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, la Dre Adelheid Marschang, Responsable des urgences à l’OMS, rapporté par OCHA-RDC.
Préoccupations de l’OMS sur un variant du mpox
D’après la même source, depuis le début de l’année, plus de 20.000 cas de choléra ont été recensés, dont la plupart dans le Nord-Kivu.
Plus de 65.000 cas de rougeole (1.523 décès) ont été signalés, les chiffres réels étant probablement plus élevés en raison de l’insuffisance de la surveillance de la maladie et de la communication des données. Dans le même temps, 3 073 cas de Méningite (dont 251 décès) sont également signalés dans ce pays des Grands lacs.
OCHA-RDC a souligné que l’OMS s’est également préoccupée d’un variant du mpox depuis quelques mois dans ce pays. Plus de 11.000 cas dont 445 décès sont répertoriés, avec un taux de létalité élevé de plus de 4%. Les enfants sont particulièrement touchés par cette épidémie, avec des taux de mortalité encore plus élevés.
Les conflits armés et les déplacements de population sont également les principaux facteurs d’insécurité alimentaire. Selon le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), apprend-on de OCHA-RDC, environ 40 % de la population —40 millions de personnes— sont confrontés à de graves pénuries alimentaires, dont près de 16 millions de personnes sont exposées à la menace d’une insécurité alimentaire.
Plus de 25 millions de personnes vivent de l’aide humanitaire
OCHA-RDC a expliqué que cette situation sanitaire «catastrophique» s’inscrit dans un climat de détérioration humanitaire. Avec plus de 25 millions de personnes qui dépendent d’aide humanitaire, la RDC est aujourd’hui le pays du monde qui compte le plus grand nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire.
Environ 7,4 millions de personnes sont déplacées, dont 2,8 millions dans le seul Nord-Kivu. Ces mouvements massifs de population, indique OCHA-RDC, submergent les systèmes d’eau et d’assainissement et font peser un fardeau supplémentaire sur les ressources limitées de la population.
«Depuis le début de l’année, l’OMS a ainsi vérifié 7 attaques contre des établissements de santé, qui ont fait 3 morts et 7 blessés. Il est probable que les attaques soient sous-déclarées en raison du manque de données », a précisé la Dre Marschang relayé par OCHA-RDC.
Des services de santé d’urgence touchées par l’agression rwandaise
Face à cette sanitaire « catastrophique », l’Agence onusienne a fourni à 460.000 personnes des services de santé d’urgence dans les zones touchées par le conflit, notamment la réponse au choléra.
« L’accès à l’aide humanitaire reste fortement limité par la présence militaire autour des sites de déplacés internes et des établissements de santé, les obstacles bureaucratiques et les barrages routiers qui perturbent l’acheminement de l’aide là où elle est le plus nécessaire ».
Considérée comme une crise « oubliée », l’OMS estime que les humanitaires onusiens n’ont pas oublié la RDC.
« Nous n’oublions pas les personnes qui souffrent. Nous sommes allés sur place et, malgré un environnement des plus difficiles, nous sommes restés et avons tenu nos promesses. Et nous nous engageons à continuer à le faire. Nous demandons simplement, comme toute organisation partenaire, qu’on nous assure la sécurité », a laissé entendre la Responsable de l’OMS.
L’OMS appelle donc à un accès durable et sans entrave et exhorte les parties à travailler ensemble pour rétablir la paix, première étape vers l’amélioration de la santé mentale et physique de tous les habitants de la RDC.