Human Rights Watch (HRW) a peint ce mercredi 17 juillet un tableau inquiétant de la liberté d’expression et la liberté de la presse en République démocratique du Congo. L’ONG pointe directement du doigt le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), l’accusant des restrictions après la suspension du journaliste Jessy Kabasele.
Dans son rapport, cette organisation appelle les autorités congolaises à protéger les droits des journalistes à travailler librement et en toute sécurité au lieu de les punir pour avoir exprimé une opinion sur une crise qui dévaste le pays dans sa partie orientale.
À en croire cette ONG, les restrictions devraient avoir une base juridique claire, être nécessaires et proportionnées. Dans cette logique, elles garantissent l’essence de la liberté d’expression, y compris la liberté de rechercher, de recevoir et de transmettre des idées et des informations, soit sauvegardée.Les restrictions du CSAC à la liberté d’expression et à la liberté de la presse ne sont pas conformes à ces normes.
« Si le droit international relatif aux droits humains autorise les gouvernements à déroger à certaines de leurs obligations en matière de respect de la liberté d’expression en période d’état d’urgence, des normes strictes régissent ce que les gouvernements peuvent faire et comment ils peuvent le faire », mentionne le rapport, avant de saluer le dévouement et l’engagement des journalistes congolais opérant dans les provinces de l’Est.
En février, l’autorité de régulation des médias avait publié une directive demandant aux médias de ne pas diffuser des débats à propos des opérations de l’armée congolaise sans la présence d’au moins un « expert en la matière ». Il avait également demandé aux journalistes d’éviter « les émissions à téléphone ouvert sur les opérations militaires » et de s’abstenir d’interviewer les « forces négatives », un terme vague et imprécis qui laisse la porte ouverte à des interdictions arbitraires.
En rapport toujours de la situation de l’agression rwandaise, le CSAC avait en avril dernier recommandé aux médias de ne plus « diffuser les informations en rapport avec la rébellion dans l’Est de la RDC sans se référer aux sources officielles (gouvernementales)».
Pas plus tard que la semaine dernière, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication a suspendu Jessy Kabasele, journaliste de la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC), suite à une interview controversée avec Koffi Olomidé. Cette décision survient après que Koffi Olomidé ait critiqué la réponse militaire du gouvernement face à l’assaut des rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu, qualifiant cette réponse de «trop faible».
Silas MUNGINDA