Les accusations sont graves ; dignes d’un acte de trahison trahison pour un ancien chef d’Etat. Et elles ne viennent pas d’un citoyen lambda, elles viennent de la bouche du président de la Republique lui-même, le citoyen le plus informé du pays.
Alors qu’il répondait aux questions sur plusieurs sujets sensibles qui gangrènent son pays, Félix Tshisekedi a nommément désigné ce mardi Joseph Kabila, son prédécesseur, comme le magnat derrière la rébellion de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa, ancien président de la CENI, qui dirige différents groupes armés qui combattent l’armée congolaise dans l’est du pays, dont le M23.
Au départ, Félix Tshisekedi ne parlait que de ses intentions de s’ouvrir aux forces de l’opposition composée principalement de Martin Fayulu, Moïse Katumbi et le clan de l’ancien président de la RDC et sénateur à vie, Joseph Kabila.
« Dernièrement, j’ai reçu, pour l’anecdote, les évêques de la CENCO, le jour où ils ont élu leur nouveau président, leur nouveau bureau. Et dans nos discussions, je ne vais pas les dévoiler ici, mais il y a eu une demande allant dans ce sens. Ma réponse était claire. J’ai dit : mais, Monseigneur, je suis à votre disposition. Je ne demande que ça », raconte-t-il.
Pour lui, il reste du chemin pour éteindre ses idéaux puisque leurs visons politiques divergent. D’un côté, il a un Fayulu qui « n’a jamais reconnu les résultats des dernières élections et de l’autre, un Katumbi qui « était prêt à faire la même chose. Il avait même fait la même chose, mais grâce évidemment à la pression des siens. Il a accepté qu’ils rentrent dans les institutions, mais lui reste borderline ».
Et Joseph Kabila? « N’en parlons pas », a-t-il sèchement rétorqué à sa propre question. « Lui, a-t-il enchaîné, il a carrément boycotté les élections et prépare une insurrection parce que l’AFC, c’est lui. Donc, dites-moi, je fais quoi ? Je n’avais pas eu de réponse. Mais j’ai parlé d’autres qui sont plus conviviaux, plus participatifs. Et je rends ici, par exemple, hommage à quelqu’un comme Adolphe Muzito et même un petit peu au docteur Mukwege aussi, qui, malgré leur position d’opposants, font parfois des commentaires objectifs. »
Les relations entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur ne sont jamais au beau fixe. Le bras de fer durcissait entre les deux hommes et ce, dès le début du premier mandat du président réélu, alors que leur alliance, conclue pendant l’élection présidentielle de décembre 2018, a certes permis à la RDC de connaître la première alternance pacifique de son histoire.
Après avoir fragilisé le bloc du Front commun du Congo (FCC), la plateforme politique cher à Joseph Kabila et avec qui il a dirigé ses deux premières années de son quinquennat et qu’il l’accusait de lui mettre de bâtons dans les roues, les relations sont devenues encore plus rudes que jamais. Jusqu’aujourd’hui, les anciens alliés se sont lancés dans une guerre politique qui semble interminable.
Aux dernières nouvelles, la résidence de l’ancien président a été par des hommes armés. Olive Lemba, l’épouse de Joseph Kabila a protesté contre ce qu’elle estime être une tentative d’effraction, par des dizaines de jeunes, du domicile de l’ancien président à Kinshasa. Une accusation qu’a démenti les autorités. Le FCC a accusé l’UDPS, parti présidentiel, d’être derrière cet incident.