La crise entre Kinshasa et Kigali a pris des dimensions explosives, depuis le week-end dernier. Après le refus du Président Rwandais, Paul Kagame, de rencontrer dimanche son homologue congolais à Luanda, en présence du Président Lourenço, la tension s’est exacerbée sur un terrain de ping-pong. Des déclarations ont foisonné de part et d’autre, laissant un suspens croissant.
Répondant coup sur coup, aux allégations « mensongères » de Kigali, Kinshasa a révélé dans un communiqué de presse publié lundi des faits et événements au cœur du sabotage de Kagame au sommet de la tripartite de Luanda.
En clair, dos au mur, le Rwanda, visiblement effacé et asphyxié dans une posture de principal mal qui ronge la région de Grands Lacs, continue d’une condition qu’il tente d’imposer unilatéralement, montrant une incompréhension fondamentale des objectifs du processus de Luanda.
« La RDC a effectivement référé la question du M23 dans le cadre du processus de Nairobi, un cadre conçu pour inclure tous les groupes armés congolais », a rappelé la Ministre congolaise des Affaires étrangères. À l’explicite, a-t-elle ajouté, celà ne signifie en aucun cas un dialogue direct ou une reconnaissance politique du M23. « Ni un
traitement particulier du M23 », a-t-elle martelé.
Cependant, en insistant sur un dialogue direct, le Rwanda montre un « mépris flagrant » pour les principes du processus de Nairobi, auxquels il a pourtant adhéré lors de toutes les réunions de haut niveau. Le Processus de Luanda engage la République Démocratique du Congo et le Rwanda, sous la facilitation de l’Angola.
Kinshasa souligne que face à l’obstruction persistante du Rwanda, la facilitation angolaise a proposé que la question restante à savoir l’insistance du Rwanda sur un dialogue direct entre la RDC et le M23 soit examinée directement par les Chefs d’État lors du sommet. « La RDC a accepté cette proposition, curieuse d’entendre le président Kagame expliquer à ses pairs, les Présidents Tshisekedi et Lourenço, pourquoi il était si déterminé à imposer à un État
souverain un dialogue direct avec un groupe terroriste », mentionne le communiqué.
Dans cette optique, le gouvernement congolais a estimé que le Rwanda a sombré dans les mensonges perpétuels sur le processus – mensonges qui « ne surprennent guère de la part d’un pays qui qualifie de mesures défensives le meurtre, le viol et le pillage des civils congolais, tout en maintenant sa propre population dans l’ignorance d’une guerre qu’il mène dans l’ombre, refusant même à ses citoyens le droit de pleurer ses soldats tombés, laissés sans nom ni reconnaissance ».
Une fois de plus, tandis que le Rwanda se perd dans des soliloques délirants, ses actions parlent d’elles-mêmes. Pour Kinshasa, il s’agit « d’une lâcheté incarnée par la fuite du Président Kagame, refusant d’assumer ses positions devant ses pairs et le monde et un mépris flagrant pour les dirigeants de la région, qui, avec sincérité et engagement, cherchent une paix durable », a conclu le communiqué.