Le 19 février 2024, un accord signé à Kigali entre l’Union Européenne et le Rwanda visant à valoriser l’exploitation des minerais par le Rwanda a suscité une vive réaction de la part de la République Démocratique du Congo (RDC). Ce protocole d’accord, destiné à assurer un approvisionnement durable en matières premières critiques, a été perçu par Kinshasa comme une légitimation du pillage des ressources congolaises, exacerbant les tensions existantes dues au soutien présumé du Rwanda à la rébellion du M23.
Le président congolais Félix Tshisekedi n’a pas tardé à exprimer son indignation, qualifiant l’accord de « complicité avec un agresseur ». Il a pointé du doigt les ressources minérales exportées par le Rwanda, affirmant qu’elles provenaient du pillage des ressources congolaises. Lors d’une conférence de presse le 22 février, il a accusé le Rwanda de se construire sur le vol des ressources congolaises et a critiqué l’Union Européenne pour avoir signé un accord avec un pays qu’il qualifie de receleur.
En réponse aux tensions croissantes, Nicolas Berlanga Martinez, l’ambassadeur de l’UE en RDC, a tenté de désamorcer la situation lors de la journée de l’Europe le 9 mai. Il a reconnu que l’UE aurait dû faire preuve de plus de sensibilité et fournir plus d’explications concernant cet accord. Il a souligné que des efforts étaient en cours pour orienter les bénéfices de cet accord vers la RDC, notamment à travers une amélioration de la traçabilité et de la transparence des minerais.
L’ambassadeur a également rappelé un partenariat similaire signé avec la RDC en octobre de l’année précédente, qui prévoyait l’élaboration d’une feuille de route pour des actions concrètes dans les six mois suivant sa signature. Ce partenariat est présenté comme une tentative de maintenir un équilibre dans l’approche de l’UE avec les pays de la région.
En dépit de cette nouvelle démarche européenne, Kinshasa n’a pas encore réagi officiellement. Toutefois, lors d’une visite à Paris, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, vice-premier ministre congolais, a rappelé les efforts diplomatiques en cours pour renforcer la confiance entre l’UE et la RDC. Il a mentionné une proposition faite par le président Tshisekedi à Bruxelles pour la création d’un comité conjoint UE-RDC, composé d’experts, afin d’étudier toutes les questions liées à la traçabilité des minerais.
Cette initiative intervient dans un contexte où la RDC cherche à garantir que les ressources naturelles, souvent source de conflits, puissent apporter la paix et le développement économique. L’ambassadeur de Belgique en RDC a exprimé son soutien à l’élargissement de ce comité à d’autres partenaires internationaux, y compris les États-Unis, pour enrichir le dialogue et assurer une gestion plus équitable et transparente des ressources minérales.
L’efficacité de cette approche de l’UE pour calmer les tensions et instaurer une coopération plus constructive avec la RDC reste à voir, mais elle marque une étape cruciale dans les efforts pour résoudre la crise diplomatique de manière constructive.