Depuis le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement Ilunkamba et sa signature par 301 députés nationaux, l’opinion reste suspendue à attendre, non seulement une démission en avance du Premier Ministre mais aussi, celle du ministre de l’Industrie Julien Paluku, ancien proche de Joseph Kabila. Dans une interview accordée à Jeune Afrique en décembre 2020, le désormais membre de l’Union sacrée de Félix Tshisekedi, Julien Paluku alors membre de l’exécutif, demandait au Premier Ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba de « présenter sa démission » de crainte d’être destitué par les députés nationaux, ce qui serait « ridicule ». Pour ce qui le concerne, Julien Paluku avait alors promis de « démissionner s’il y a une motion de censure contre le gouvernement ».
« […] Tout ce que je demande à mon chef de gouvernement, c’est de présenter sa démission. Dans le cas contraire, que va-t-il se passer ? La majorité qui s’est dégagée à l’Assemblée nationale va introduire une motion de censure contre le gouvernement. Le Premier Ministre sera appelé devant les députés pour se défendre, mais il tombera. Et ce sera ridicule », prévenait Julien Paluku.
Et d’ajouter : « s’il y a une motion de censure contre le gouvernement, moi, Paluku, je serai le premier à présenter ma démission. Je ne peux pas accepter de me faire ridiculiser. Je suis chef de parti, je suis à la tête d’un regroupement politique. J’ai été élu avec 50 000 voix dans mon territoire de Lubero. Je n’ai pas peur et je ne suis pas en quête d’un emploi », rassurait-il.
Un des proches de Julien Paluku soutient « avoir encore le temps » de démissionner tout en s’abstenant de tout autre commentaire sur le sujet. Pour un membre du gouvernement qui a requis l’anonymat, « c’est l’incertitude de revenir » qui explique pourquoi certains membres du gouvernement s’accrochent encore. À l’en croire, « aucun ministre, que ce soit ceux qui étaient membres du FCC et ont adhéré à l’Union sacrée ou ceux issus naturellement du juron présidentiel ne va déposer sa démission. Personne n’est prêt à le faire. Nous tomberons au même moment avec le gouvernement, pourvu que cela aussi se réalise. Au cas contraire, nous serons encore là ».
Pendant ce temps, l’Assemblée Nationale a maintenu sa séance plénière prévue ce mardi 26 janvier pour auditionner le Premier Ministre qui séjourne, jusqu’ici, à Lubumbashi. Le camp Ilunkamba soutient que la motion de censure est une stratégie pour pousser aveuglément le Chef du gouvernement à la démission. « Il ne doit pas céder. Il est dans la légalité », insiste le constitutionnaliste Banza Malele qui fait observer « qu’il faudra attendre la mise sur pied du Bureau définitif et attendre la session ordinaire. Agir autrement c’est violer la Constitution et les lois de la République ».
Même argument partagé par Patrick Nkanga, Conseiller politique du Premier Ministre, qui affirme que « le Gouvernement de la République a été investi par la majorité des élus sous la bannière d’un Bureau définitif. Le Bureau d’âge n’a aucunement la compétence d’actionner une démarche vis-à-vis du Gouvernement. Même, dans un pays de non-droit, il y a un minimum de bon sens.»
Un feuilleton qui vient rallumer l’espérance de certains membres de l’exécutif à rester encore quelques jours au gouvernement en dépit du désaveu de Félix Tshisekedi.
Stéphie MUKINZI