Malade depuis plusieurs mois, l’ancien journaliste de Radio Okapi et activiste des droits des citoyens José Dechartes Menga Mbula est décédé dans la matinée du lundi 08 février 2020, à la clinique Saint Gaspard de Kisangani, dans la province de la Tshopo.
Les membres de sa famille biologique, contactés par POLITICO.CD, ont confirmé la nouvelle. L’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) a adressé le même jour ses condoléances à la famille biologique du défunt et à la corporation toute entière.
C’est toute la région de la grande Province Orientale qui est en émoi, depuis l’annonce de ce décès inopiné. De l’OZRT (Office Zaïrois des Radiodiffusions et Télévision) à la Radio Okapi en passant par la Radio Télévision Amani à Kisangani, José Dechartes Menga a emporté avec lui une longue carrière riche en expérience. Plusieurs parmi ses proches et de nombreux journalistes de sa génération évoquent au sujet de l’illustre disparu une valeur sûre et un modèle d’engagement dans la lutte pour la révolution de la presse Boyomaise.
« Il était mon aîné d’une promotion à Maele (collège). Il était très fort dans les langues. Déjà, au collège, il écrivait des poèmes en français comme en anglais. J’ai du mal à parler de lui dans le passé tellement les histoires vécues ensemble sont vivantes. Étreint par l’émotion, je ne saurais en dire plus sur une flamme qui s’éteint mais dont l’étoile brillera toujours sur le ciel du journalisme engagé de la RDC», confie le professeur Billy Bolakonga.
André Kitenge, journaliste de Radio Okapi et responsable de la commission de discipline au sein de l’UNPC/Tshopo, considère José Dechartes Menga comme son ami de la « première ligne dans la révolution de la presse » à Kisangani.
« José Dechartes Menga est un jeune frère et collègue journaliste de première heure dans la presse révolutionnaire de Kisangani. J’ai connu José alors journaliste reporter à l’OZRT Kisangani, aujourd’hui RTNC. Ensuite, en 1995, José Dechartes Menga est pionnier de la Radio Télévision Amani, RTA, de l’archidiocèse de Kisangani. Et là, nous sommes ensemble durant les moments difficiles. Lui, comme Rédacteur en chef et moi, Reporter sportif et Présentateur du journal en français. Nous avons cheminé ensemble. En 2002, avec l’avènement de Radio Okapi, nous sommes recrutés ensemble après un test rigoureux. Nous avons travaillé avec lui à Kisangani, à Bunia et ailleurs, dans des situations difficiles caractérisées par des conflits interethniques», témoigne André Kitenge.
Il poursuit, en évoquant ses souvenirs : « Je garde un grand souvenir de José Dechartes Menga dans mon parcours professionnel. Tout au début de ma carrière à la RTA, c’est José qui corrigeait mes papiers de reportage. C’est un véritable combattant, un révolutionnaire dans la presse, courageux et entreprenant. José était un défenseur des droits de l’homme en dépit de sa qualité de journaliste. Nous avons réalisé un film documentaire sur Radio Okapi, « Ondes de Choc », dont lui et moi avons été deux des acteurs principaux avec Hélène Magny et Pierre Mignaut. Je garde encore de lui un souvenir inoubliable à Bunia. Lorsque des miliciens de deux groupes armés s’affrontaient à Bunia, José m’encourageait à sortir sous les coups de balles pour observer les déplacés de Muzipela et Yambi Yaya. Vraiment, c’est une perte irremplaçable dans les médias Boyomais, voire sur le plan national.»
Ya « José », comme l’appellaient affectueusement ses confrères de la presse Boyomaise, était un journaliste d’une plume poignante. « Il ne savait pas garder sa langue, mieux sa plume, dans la poche. Il avait un franc-parler même dans les émissions de débats et était ouvert, modèle pour les journalistes », soutient Jean-Claude Fundi.
En dehors de sa profession de Journaliste, José Dechartes Menga a été activiste de la société civile. Il a défendu les causes des opprimés dont les victimes de la guerre de six jours, en mettant en place une synergie des forces vives pour l’indemnisation et la justice aux victimes des guerres de Kisangani, 20 ans après.
Talentueux chevalier de la plume, Menga, originaire d’Isangi dans la Tshopo, est reconnu pour sa bravoure et son professionnalisme dans le métier. Connu du grand public, il est l’une des grandes personnalités de la société civile qui ont mis en mal le RCD lors de la deuxième guerre du Congo. Il laisse derrière lui une famille composée d’une veuve et de plusieurs enfants.
Serge SINDANI