Luca Attanasio, son garde du corps et son chauffeur ont été attaqués par des hommes armés alors qu’ils faisaient partie d’un convoi du PAM qui faisait route près de Goma, dans le Nord-Kivu. L’attaque a eu lieu dans la matinée du 22 février, autour de 10 heures, à une dizaine de kilomètres de Goma, dans le territoire de Nyiragongo, dans le Nord-Kivu.
Ce triple meurtre vient relancer le débat notamment de la conjugaison des efforts de la communauté internationale et de la sous-région pour pacifier l’Est de la RDC. Entre hypocrisie et indifférence des uns et l’impuissance des autres, des milliers de vies sont fauchées et c’est malheureusement la triste réalité de cette partie du pays depuis plus de 25 ans.
Kinshasa impuissante d’endiguer des groupes rebelles qui infestent les deux Kivu, pour ne parler que de ces deux provinces, semble déboussolé et pris en dépourvu avec ce que le Président italien qualifie d’une attaque « lâche », ayant coûté la vie de son ambassadeur. Dans l’Est du pays, après chaque attaque meurtrière, le gouvernement congolais est prompt à attribuer ces forfaits aux groupes rebelles qui sévissent dans la zone, sans organiser une contre-attaque à la manière de feu colonel Mamadou Ndala, d’heureuse mémoire.
Dans sa zone de confort, du moins ce qui s’apparente l’être, le Président congolais Félix-Antoine Tshisekedi, désormais Président en exercice de l’Union africaine, voit s’envoler ses promesses de pacifier l’Est de la RDC. Lui qui avait pourtant, quelques mois seulement après son avènement à la magistrature suprême, hypothéqué sa vie pour rendre cette partie pacifique, assiste à plusieurs massacres de ses compatriotes voire même d’un ambassadeur étranger. Le 8 octobre 2020, Félix Tshisekedi promettait également s’installer à Goma « pour entendre au quotidien des problèmes » du coin, jusque-là ses promesses sont restées lettres mortes.
Avec cette ignoble attaque de Luca Anattasio, de son garde du corps et son chauffeur, les réactions ont fusé de partout. De Washington à Rome, en passant par les capitales africaines, les condamnations affluent. Et au regard de cette attention particulière on est tenté de se poser la question si la vie d’un ambassadeur vaut plus que la vie des congolais qui sont tués chaque jour dans l’Est de la RDC. La communauté internationale, qui s’était habituée malheureusement à regarder ailleurs quand les victimes étaient seulement congolaises, est aujourd’hui confrontée à la triste réalité que vivent quotidiennement les habitants endeuillés du Nord-Kivu.
Il n’est certes pas question de faire un décompte macabre. Mais il faut mettre à profit ce drame effroyable pour un sursaut : mettre hors d’état de nuire tous les groupes armés et les milices locales qui sèment la mort au quotidien dans cette région.
La communauté internationale doit sortir de son indifférence en vue d’aider à trouver les voies et moyens d’y parvenir surtout quand on sait que l’insécurité dans cette partie du pays est instrumentalisée par les pays voisins notamment le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Le mandat de Félix Tshisekedi à la tête de l’UA doit aussi y contribuer fortement. En effet, ce mandat ne peut que prendre une tournure beaucoup plus sécuritaire que ce qui a été initialement prévu. L’urgence de la situation à l’Est l’exige si l’on ne veut pas décevoir les attentes des Kivutiens. Là-bas, la guerre n’a que trop duré. Les violences ont trop endeuillé les familles congolaises.
Stéphie MUKINZI