L’ancien homme fort du pouvoir de Kabila et ancien patron de la redoutable Agence Nationale des Renseignements (ANR), Kalev Mutond, est attendu ce mardi 9 mars chez l’Avocat général, ce après une première convocation à laquelle il ne s’était pas présenté.
Le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe veut avoir des éclairages sur des « faits infractionnels » imputés à Kalev Mutond. A défaut de se présenter pour cette deuxième convocation, l’Avocat général prévient « qu’il lui sera contraint conformément à la loi ».
Kalev Mutond contre qui les plaintes se sont multipliées ces derniers temps, a d’abord été convoqué le jeudi 18 février 2021 à 10h, toujours au parquet général de la Gombe. Contre l’attente de la justice, il n’a pas répondu à la convocation.
Trois plaintes au total ont été déposées contre lui pour notamment « tentative d’assassinat, enlèvement, tortures et arrestation arbitraires ».
Dans une interview accordée à la radio onusienne, Kalev Mutond avait pour sa part indiqué que l’ANR est un service d’Etat qui fonctionne sur base des textes et que ses agents doivent être protégés : « la loi dit que l’agent de l’ANR a droit à une protection spéciale. Une protection spéciale de son identité, de sa personne et de ses biens. Il est protégé en ce que dans l’exercice de ses fonctions, il se conforme aux lois et aux règlements du pays ».
Au sujet des faits lui reprochés dans l’exercice de ses fonctions, Kalev Mutond avait souligné en réaction qu’il ne devrait rendre des comptes qu’à Félix Tshisekedi, Président de la République. Il annonçait alors être prêt à répondre devant la justice pour des faits commis par l’individu Kalev plutôt que par l’Administrateur Général de l’ANR Kalev.
Avis technique de ses avocats
Alors qu’il est attendu ce mardi par la justice, les avocats de Kalev ont publié un « avis technique » sur les différentes plaintes qui pèsent contre leur client. Ces avocats estiment qu’aucun fait précis sur la responsabilité ou l’implication individuelle de Kalev n’est avancé par les plaignants sur notamment les accusations des tortures, enlèvement, traitement inhumain, empoisonnement ou tentative d’assassinat.
« Les services de l’Etat ne comptant pas que des saints dans leurs rangs. Il est possible que des actes prohibés par la loi, aient été commis sur terrain ou dans leurs bureaux respectifs, par des agents, des cadres ou des officiers de l’armée, de la PNC, de l’ANR ou de la DGM, dans l’exercice de leurs fonctions », disent-ils en demandant aux plaignants « soit de démontrer en quoi leurs actes étaient commis sur ordre ou instruction personnelle de Kalev Mutondo ».
« Il est symptomatique, ajoute l’avis technique, de constater que la quasi-totalité de plaignants identifiés est originaire du même espace socio-culturel ». Les avocats dénoncent ce qu’ils qualifient de « dérive qui ne peut que nuire à la cohésion de à l’unité nationale ».
Stéphie MUKINZI