En marge de la table ronde sur la mise en place d’un Fonds national de réparation pour les survivant(e)s de violences sexuelles liées au conflit en République démocratique qui doit se tenir du 30 au 31 mars à Kinshasa, les victimes des violences sexuelles sont unanimes pour pousser le gouvernement congolais non seulement à les reconnaître, mais aussi à garantir une « réparation adéquate, effective et rapide du préjudice subi ». Pour Thésée-Aurore Makaba, juriste et Cheffe de projet-pilote RDC du Fonds mondial de réparations pour les survivantes de violences sexuelles, la table ronde va permettre aux parties prenantes de réfléchir autour des défis de la mise en œuvre d’un fonds national.
« La table ronde est l’espace qui met autour de la même table les autorités gouvernementales nationales, des organisations de la société civile, des mouvements des survivantes et l’association des victimes mais aussi le corps diplomatique pour partager sur les défis de la mise en œuvre d’un fonds national de réparation et des solutions que la société civile peut apporter en vue de la réalisation de cet objectif commun », a-t-elle expliqué à POLITICO.CD.
Les survivantes des violences sexuelles disent attendre la réparation. Elles fustigent le fait qu’il « n’y a aucune réparation et l’Etat ne s’est jamais excusé ». Elles en appellent aux engagements de l’Etat congolais, de la communauté internationale et de la société civile pour la reconnaissance des préjudices dont elles ont fait l’objet.
« Ce que les victimes attendent c’est la réparation. Elle est urgente. Et il n’y a aucune réparation jusque-là. L’Etat ne s’est jamais excusé. La réparation aujourd’hui ce n’est pas l’argent mais la reconnaissance avant tout. Et cette reconnaissance passe notamment par la réparation et la lutte contre l’impunité. Ce que nous souhaitons est qu’au sortir de cet atelier en faveur des survivantes que des engagements soient pris de la part de l’Etat, de la communauté internationale et de la société civile », fait-elle savoir.
« Que l’Etat montre sa bonne foi »
Tatiana Mukanire, coordonnatrice nationale du mouvement national des survivant(e)s de violences sexuelles en RDC invite pour sa part le gouvernement à faire preuve de bonne foi en reconnaissant leur statut de victimes des violences sexuelles et en assurant la réparation effective.
« C’est important que l’Etat montre sa bonne foi en reconnaissant que nous sommes des victimes des violences sexuelles et qu’il nous doit des excuses publiques. Plaider pour que nos droits soient reconnus. Que tous les participants s’engagent pour aider que la réparation soit effective dans notre pays. Cela aidera la survivante à préparer sa mort. Il n’y a pas de garantie de non répétition. L’impunité continue. Nous allons essayer de booster les choses», a indiqué Tatiana Mukanire.
Stéphie MUKINZI