Politico.cd poursuit avec son édition spéciale intitulée “Spécial Mapping”. En effet, depuis le début de ce mois, Politico vise par cette série de publications à vulgariser le contenu de ce rapport rédigé par les experts des Nations-Unies sur base des enquêtes et interviews réalisées auprès des différentes ONGs des droits de l’homme de la place et des témoins ou victimes des atrocités commises tant par les services de sécurité de l’ancien Président Mobutu que par les différents groupes rebelles qui ont envahi l’Est de la RDC en particulier. Ce document de plus de 500 pages répertorie les différentes atrocités et violations les plus graves des droits de l’homme et droits internationaux commises entre 1993 et 2003.
Dans ce numéro, Politico.cd poursuit avec la province du Bas-Congo où, à l’instar d’autres provinces, plusieurs crimes et violations des droits de l’homme, entre autres les viols, les meurtres, les tortures ont été répertoriés.
Le régime de l’ancien Président Mobutu s’affaiblissait petit à petit. Début 1997, le Gouvernement angolais, à la demande du révolutionnaire Mzee Laurent Désiré Kabila, a pris contact avec les autorités rwandaises et ougandaises et pour apporter son soutien à l’opération de l’AFDL/APR/UPDF (groupes rebelles alliés) visant à éliminer du pouvoir le Président Mobutu.
Au mois de mai 1997, après la prise de Kinshasa, les militaires de l’AFDL/APR sont arrivés dans la province du Bas-Congo. À leur arrivée, ils ont infligé en public à un grand nombre de civils des peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants pour des faits souvent bénins.
« Plusieurs personnes ayant subi le supplice de la chicotte ont succombé à la suite des hémorragies internes provoquées par les coups de fouet donnés sur l’abdomen », rapporte le rapport Mapping avant d’ajouter que « les militaires de l’AFDL/APR ont également violé un grand nombre de femmes».
À titre d’exemple, l’Équipe Mapping a pu documenter les cas allégués suivants :
• À compter de juin 1997, dans le camp Lisanga (Missioni) de Matadi, des éléments de l’AFDL/APR devenus FAC/APR (FAC : Forces Armées Congolaises, alliées à APR : Armée Patriotique Rwandaise) ont violé un nombre indéterminé d’épouses de militaires des ex-FAZ (FAZ : Forces Armées Zaïroises) restées seules du fait que leurs maris avaient été envoyés au centre militaire de Kitona pour y être « rééduqués » et d’autres forcées à effectuer pour eux des tâches domestiques.
• Au cours de la même période, des éléments des FAC/APR/UPDF ont également violé plusieurs femmes au camp militaire Redjaf de Matadi.
Après sa prise de pouvoir, le Président Laurent Désiré Kabila a envoyé entre 35 000 et 45 000 militaires des Forces Armées Zaïroises (FAZ) en provenance de tout le pays au centre militaire de Kitona à Moanda, afin d’y être rééduqués.
D’après le rapport Mapping, ce centre ne possédait qu’une capacité d’accueil d’environ 10.000 personnes et était dans un état de délabrement avancé.
Dans ce contexte, l’Équipe Mapping a documenté les cas allégués suivants :
• À compter de juin 1997, les ex-FAZ présents sur la base de Kitona ont été soumis à des conditions propres à entraîner de lourdes pertes en vies humaines, notamment en raison du manque de nourriture, de l’insalubrité et du manque d’accès à des soins médicaux adéquats.
« Des éléments des FAC/APR ont exécuté sommairement plusieurs militaires des ex-FAZ. Ils en ont soumis d’autres à des traitements cruels, inhumains ou dégradants, comme des coups de fouet ou des tortures en public », renseigne ce rapport.
Ce rapport soutient en outre que le nombre total de morts est difficile à déterminer. Cependant, stipule-t-il, « de nombreux témoins ont affirmé qu’au cours des deux premiers mois de fonctionnement du centre de Kitona, entre 5 et 10 personnes mourraient chaque jour ».
• En juillet 1997, des éléments des FAC/APR ont exécuté clandestinement des soldats des ex-FAZ qui s’étaient révoltés pour protester contre les conditions de
vie qui leur étaient infligées sur la base de Kitona.
Toutefois, le rapport fait remarquer qu’après avoir conquis le pouvoir et chassé Mobutu, Laurent Désiré Kabila a stabilisé les institutions du pays. À partir du mois d’octobre 1997, les conditions de vie à la base militaire de Kitona se sont améliorées, les soldats ont commencé à percevoir leurs soldes, souligne le rapport.
Carmel NDEO (@NdeoCarmel)