Faux, Jean Bamanisa n’a pas dit être « capable de brûler tout l’Ituri, » rétorque son cabinet. En effet, un article publié à travers le media en ligne « Beni-Lubero », sous le titre pompeux à la Une « Jean Bamanisa Saidi : je suis capable de bruler tout l’ITURI », a suscité des remous. Largement relayé dans plusieurs médias sociaux, l’article met dos au mur l’actuel Gouverneur « dechu » de l’Ituri sur toutes ses lignes. Cette campagne est vite qualifiée « d’intoxication » par les partisans de Jean Bamanisa. Ce dernier est accusé, dans l’article, d' »arrogance » et il lui est reproché sa « méfiance » face à la situation politique et sécuritaire qui prévalent ces derniers mois dans sa province.
Dans cette publication datée du mardi 19 avril, le média cite sous anonymat un collaborateur du Gouverneur déchu Jean Bamanisa. Le média attribue à ce collaborateur des propos selon lesquels le Chef déchu de l’exécutif de l’Ituri, dont les relations tournent désormais au froid avec l’Assemblée provinciale depuis le vote agité d’une motion de censure, aurait menacé de déstabiliser la Province toute entière.
« Nous avions mis en jeu tous les moyens pour corrompre les députés pétitionnaires, mais tout à échoué. Bien-que je suis tombé, faites attention, nous avons encore toutes les influences sur les groupes armés, lesquels croient toujours en nous comme leurs meilleurs négociateurs pour le désarmement et leur prise en charge. Il nous suffit de donner un mot pour voir tout l’Ituri partir en fumée », écrit le site internet Beni-Lubero, attribuant cette citation à Jean Bamanisa, à travers son proche anonyme.
Saisi à cet effet, le cabinet du Gouverneur Bamanisa qui dit avoir lu l’article avec stupéfaction, balaie d’un revers de main la crédibilité de ces propos. Selon le cabinet, l’initiateur de ces propos n’est qu’une personne qui se cache derrière une identité tronquée et dont les préceptes et/ou sentences démontrent allègrement une incongruité fatale et un montage mal cousu. Dans une mise au point parvenue à Politico.cd et repris sur la page Twitter de l’Ituri, la direction du cabinet de Jean Bamanisa recadre les contours selon elle malproprement érigés autour de la récente motion, une deuxième d’ailleurs.
« Force est de constater que ces pourfendeurs des arguments à la fois spécieux et désinvoltes portées à l’endroit du Gouverneur Jean Bamanisa inondent les médias en ligne et certains forums pour désorienter les vrais problèmes ayant entouré la récente motion de censure », regrette d’abord le cabinet. Pour ce dernier, « étant donné que la procédure de cette motion a été émaillée d’irrégularités procédurales, le Gouverneur Jean Bamanisa s’est réservé le droit d’ester en justice pour tacler, par des voies de droit, ce moyen de contrôle parlementaire exercé de manière inique, insidieuse et à dessein », menace le cabinet.
Jean Bamanisa est tout de même accusé de travailler de mèche avec les rebelles dans la région de l’Ituri où tous les signataires de la motion vivent. Selon le site internet Beni-Lubero, Jean Bamanisa orchestre des menaces des morts et « infiltre les rebelles CODECO et FPIC dans la ville ». Le cabinet du Gouverneur sortant rejette ces allégations, les qualifiant de fallacieuses. « Au demeurant, les irrationalités débitées dans les lignes du média Beni-Lubero sont dans l’ordre de ne pas atteindre la réalité indéniable des actions du Gouverneur Jean Bamanisa », estime-t-il.
Mardi 13 avril, l’Assemblée provinciale de l’Ituri a voté une motion de censure contre le Gouvernement provincial : 33 Députés provinciaux sur les 41 présents à l’Hémicycle, ont voté pour la déchéance de Jean Bamanisa, absent dans la plénière. Cependant, ce dernier ne s’avoue pas vaincu. Il a, dans une mise au point faite au lendemain de sa destitution, énoncée des irrégularités procédurales de la motion et a appelé la population au calme.
En Ituri, cette situation qui fait rebondir la crise interinstitutionelle divise les opinions. Si certaines appellent Jean Bamanisa à démissionner pour préserver son honneur et sa dignité politique, d’autres par contre pensent que la motion était « biaisée » et qu’il s’est pourtant agi d’un acharnement contre le Gouvernement provincial.
Serge SINDANI