Depuis le 15 avril, la crise politique qui sévit dans la province de la Tshopo s’enlise davantage. Une deuxième motion de censure avait été déposée et examinée contre le Gouvernement Walle Lufungula, accusé de « gestion chaotique. » 17 sur les 28 Députés provinciaux que compte l’organe délibérant de la Tshopo avaient voté pour cette motion. Quoique déchus, Walle Lufungula et tout son Gouvernement se sont néanmoins accrochés au pouvoir.
Dans un télégramme rendu le 22 avril 2021, le Vice-Premier Ministre sortant de l’Intérieur annonçait avoir pris acte de la déchéance de l’exécutif provincial de la Tshopo. Kankonde avait donc, du coup, confié l’intérim au Vice-Gouverneur Abibu Sakapela, pour expédier les affaires courantes. Mais depuis lors, Walle Lufungula n’a toujours pas déposé sa démission. Les deux anciens alliés tirent désormais à boulets rouges l’un sur l’autre et plongent la Tshopo dans un « Tohu-bohu » et un « bicéphalisme éhonté, » selon le collectif des mouvements citoyens.
Dans une déclaration faite mercredi 28 avril à Kisangani, dont une copie est parvenue à Politico.cd, le collectif Tshopo Telema, une plateforme regroupant des structures citoyennes, regrette que le Gouverneur déchu Walle Lufungula décide de défier son chef hiérarchique direct en demandant l’arbitrage sans délai du Gouvernement central.
« Nous demandons au Gouvernement de la République de mettre fin au Tohu-bohu orchestré expressément par le sieur Walle Lufungula et au bicéphalisme éhonté, observé ce jour à la tête de la province, où nous avons de côté un Gouverneur déchu mais accroché au pouvoir et d’un autre côté un Gouverneur intérimaire légal qui n’exerce toujours pas ses fonctions », demande Tshopo Telema.
Par ailleurs, cette plateforme des jeunes de la Tshopo appelle les services de sécurité à arrêter de « fermer les yeux », de prendre « les choses en mains et de mettre fin au « flou entretenu à dessin » par le Gouverneur déchu qui, selon Tshopo Telema, veut embarrasser toute la province par la politique de terre brûlée.
Ces jeunes leaders appellent tout de même Walle Lufungula à arrêter de s’aventurer à la tête de la province et de revenir à la raison avant qu’il ne soit tard. Mais aussi, « de se plier devant les règles démocratiques et de préserver le peu d’honneur qui reste en laissant la gestion de la province entre les mains du Gouverneur intérimaire. »
Il sied de signaler que Walle Lufungula, en réaction au télégramme de l’ex-Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur Gilbert Kankonde, dit n’avoir pas été notifié. « C’est un document sans valeur juridique dont certains s’activent pour le faire passer comme supérieur et devant abroger une ordonnance présidentielle nommant un Gouverneur de province », argue un proche du cabinet politique du Gouverneur. Walle soutient néanmoins que la motion votée contre lui dégage plusieurs irrégularités.
De son côté, Abibu Sakapela, notifié pour l’intérim, appelle son ancien allié au pouvoir à cesser de poser des actes d’administration par respect pour la hiérarchie.
Serge SINDANI