« Le retour à la paix durable, préalable indispensable au développement et à l’amélioration des conditions de vie des populations, doit être, plus que jamais, notre priorité absolue », a rappelé, Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l’Union Européenne en poste à Kinshasa à l’occasion de la fête de l’Europe célébrée dimanche 09 mai 2021 à Kinshasa (RDC).
Dans son speech de circonstance, il a réservé une bonne partie de son allocution à la complexité de la situation dans l’Est de la RDC : « Contrairement aux commentaires hâtifs, les « yakafokon », je crois qu’on dit ici les « bilobaloba », qui fourmillent dans les réseaux sociaux, il n’existe pas de solution simple et rapide, il n’existe pas de baguette magique pour éliminer le système de conflit qui s’est établi et enraciné depuis un quart de siècle. Cette situation complexe est caractérisée notamment par des discours de haine et de stigmatisation, par la brutalisation des communautés qui crée un habitus de violence, par l’ampleur des violences sexuelles et l’utilisation – horrible – du viol comme « arme de guerre » (si justement dénoncées par le Prix Nobel de la Paix, le Dr Mukwege) », a t-il souligné.
Cette situation, a t-il poursuivi, est aussi caractérisée par le dangereux recours aux milices d’autodéfense, l’installation d’intérêts politico-mafieux qui profitent de l’affaiblissement de l’Etat pour piller les ressources naturelles. Pour lui, la complexité de cette situation appelle donc une réponse intégrée, globale et coordonnée du Gouvernement et des autorités nationales, de tous les partenaires internationaux et, « last but not least », des pays voisins.
Jean-Marc Châtaigner, a par ailleurs, rappelé les assassinats au début de février près de Goma de l’ambassadeur d’Italie Luca Attanasio et de ses deux accompagnateurs, son garde du corps Vittorio Iacovacci et son chauffeur Congolais du Programme alimentaire mondial, Mustapha Milambo.
« Luca était un collègue, un ami, marié à une femme époustouflante, Zakia, père de trois petites filles adorables. Je ne t’oublierai jamais mon ami Luca, ton sourire, ta conviction, ton enthousiasme au service de l’amitié entre l’Italie et la République Démocratique du Congo, ton implication avec Zakia au service des plus démunis, des enfants pauvres et des orphelins de Kinshasa », a-t-il déclaré.
Jean-Marc Châtaigner ne s’est pas limité à la présentation de la situation, il a en effet, proposé également quelques pistes de solutions qui sont entre autres, d’éradiquer l’économie de guerre, redonner confiance aux communautés, rendre justice pour tous les crimes commis, prévenir les conflits fonciers et pastoraux, et donner l’opportunité aux combattants de renoncer aux armes et se réinsérer dans la vie civile, pour autant qu’ils n’aient pas commis de crimes de guerre éradiquer l’économie de guerre, redonner confiance aux communautés, rendre justice pour tous les crimes commis, prévenir les conflits fonciers et pastoraux, et donner l’opportunité aux combattants de renoncer aux armes et se réinsérer dans la vie civile, pour autant qu’ils n’aient pas commis de crimes de guerre.
L’UE a pris acte de la décision souveraine de la République Démocratique du Congo de promulguer l’état de siège dans les deux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. La déclaration de l’état de siège s’est fait accompagner notamment d’une nouvelle mise en place au sein de l’armée avec la nomination de nouveaux commandants.
« L’état de siège ne portera ses fruits que s’il respecte les règles fondamentales du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme. Il doit aussi être une occasion décisive de renforcer la synergie de nos approches politique, de sécurité et de développement », a ajouté Jean-Marc Châtaigner.
Sur un autre chapitre, le diplomate est revenu sur les enjeux qui attendent la RDC. Il a rappelé l’engagement de l’UE, qui a t-il dit, se tient aux côtés du pays dans ses efforts pour consolider son processus démocratique, garantir l’État de droit et faire respecter les droits humains dans toutes leurs dimensions, y compris l’égalité entre les femmes et les hommes.
« A vos côtés aussi pour renforcer l’action d’une justice indépendante pouvant s’appuyer sur des forces de l’ordre respectées et respectueuses de la population. On dit des institutions qu’elles sont le produit de la sagesse accumulée des générations passées. Or, partout dans le monde, à un degré ou un autre, les institutions peinent à s’adapter aux changements si rapides de notre environnement naturel, humain et politique commun », a-t-il indiqué.
En outre, il a également évoqué les relations entre l’Union européenne et la RDC. Jean-Marc Châtaigner a, ce pendant présenté les enjeux qui doivent mobiliser les États en cette période de la COVID19, du changement climatique et de la réduction rapide de la biodiversité.
Dominique Malala