L’organisation non gouvernementale médicale humanitaire, Médecins Sans Frontières (MSF), a, à travers un communiqué publié ce mardi 19 mars, sollicité la mise en place d’un stock d’urgence de traitements contre la maladie à virus Ebola.
De 2018 à 2020, le virus a fait des ravages dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), après avoir frappé les pays de l’Afrique de l’ouest, tuant plus de 11.000 personnes en 2014. Depuis, la recherche médicale a fait d’énormes progrès mais les deux traitements approuvés contre cette maladie sont difficilement accessibles pour les professionnels de santé et donc pour les patients.
Déplorant cette situation, MSF exhorte les sociétés pharmaceutiques à mettre à disposition des traitements sans délai pour faire face à toute nouvelle épidémie.
« Il y a dix ans, personne n’était préparé à pouvoir traiter autant de patients simultanément, atteints d’une maladie dans la plupart des cas mortelle. Il n’y avait pas de traitement antiviral et pas de vaccin », explique le docteur Louis Massing, référent médical pour MSF en RDC, mentionné dans le communiqué.
« Maintenant qu’il existe des traitements antiviraux et des vaccins dont l’efficacité a été prouvée par plusieurs études, les traitements ne sont pas disponibles et l’essentiel des stocks se trouve aujourd’hui aux Etats-Unis », a-t-il expliqué.
Aucun traitement spécifique depuis près d’un demi-siècle
Près de cinquante ans après la découverte du virus dans la province de l’ex-Grand Equateur, en RDC, la plus grande épidémie d’Ebola s’est déclarée en 2014 en Afrique de l’Ouest, avec des cas importés notamment en France et aux Etats-Unis.
C’est au moment où certains pays occidentaux ont été confrontés à la menace
d’Ebola dans leur territoire que le financement dans la recherche et le développement de traitements et de vaccins contre le virus a augmenté de façon spectaculaire. Les traitements ont pu ensuite être testés pendant deux ans au moment de la dixième épidémie d’Ebola qui avait touché l’Est de la RDC, et notamment le Nord-Kivu.
Deux traitements et vaccins commercialisés depuis 2022
Selon MSF, les traitements – REGN-EB3, commercialisé par Regeneron sous le nom d’Inmazeb, et mAb114 (ansuvimab), commercialisé par l’OMS sous le nom d’Ebanga, ont été approuvés par la Food and Drug Administration des États-Unis en 2020, puis ont été recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2022, et figurent désormais sur la liste modèle des médicaments essentiels de l’OMS.
Aussi, existe-t-il deux vaccins, qui en plus du traitement, sont essentiels pour prévenir et répondre à une épidémie d’Ebola. Ces nouveaux outils médicaux ne répondent qu’à l’ébolavirus du Zaïre, l’espèce de virus la plus courante à l’origine de l’épidémie de 2014 et de 2018.
À en croire le docteur Louis Massing, il y a ce jour la possibilité d’utiliser des outils innovants pour sauver des vies, prévenir de nouvelles contaminations et contrôler de futures épidémies, mais seulement s’ils sont entièrement accessibles pour les personnes qui en ont besoin.
« C’est pourquoi nous demandons la constitution d’un stock d’urgence au niveau mondial afin de pouvoir bénéficier, si une nouvelle épidémie se déclarait, et notamment en RDC, de traitements disponibles pour soigner rapidement les patients contaminés, protéger le personnel soignant et donc mettre un terme dans les plus brefs délais à une épidémie », conclut-il.