Le Fonds National de Réparation des Victimes des Violences Sexuelles liées aux Conflits et des Crimes contre la Paix et la Sécurité de l’Humanité (FONAREV) a procédé, ce jeudi 5 décembre 2025, à la remise officielle des prix du concours national consacré à la conception architecturale et artistique des espaces mémoriels GENOCOST.
Lancé en mai dernier, ce concours inédit visait à faire émerger des propositions architecturales capables d’incarner la mémoire des victimes des violences de masse ayant frappé la République démocratique du Congo au cours des trois dernières décennies.
Ouvert aux étudiants congolais des disciplines techniques et artistiques — aussi bien en RDC que dans la diaspora — le concours a enregistré : 156 projets soumis; 254 participants, dont 53 femmes; 15 universités représentées, 10 villes et 3 pays.
Après une première sélection rigoureuse, 58 projets ont été retenus. Le jury, composé d’architectes, d’artistes, de juristes et d’experts du FONAREV, a délibéré du 7 au 11 juillet avant de désigner 18 projets finalistes, dont plusieurs récompensés ce 5 décembre.
La diversité des candidatures — Bukavu, Kasika, Dibaya, Kalemie, Songololo, Mwenga, Goma, Lubumbashi, Kinshasa, mais aussi Nairobi et Bujumbura — démontre l’adhésion remarquable de la jeunesse congolaise à la mémoire nationale.
«Une épreuve de vérité et un acte de courage collectif»
Dans son allocution, Kevin Ngunga Makiedi, Directeur Général adjoint du FONAREV en charge des finances et de l’administration, a insisté sur la portée historique et humaine de cette initiative qui, d’après lui, n’a jamais été un simple exercice académique.
«Ce concours a été une épreuve de vérité, une manière d’interroger notre histoire, d’affronter nos blessures, et d’y répondre avec une des armes les plus puissantes que possède la jeunesse : la créativité», a-t-il déclaré.
Il a rappelé que le GENOCOST — terme englobant trente années de massacres, violences sexuelles, déplacements forcés et destructions liées à des logiques économiques — demeure l’un des chapitres les plus douloureux de l’histoire congolaise.
Le DGA a également réaffirmé l’engagement du FONAREV : 700 000 victimes identifiées, un accompagnement judiciaire massif, un réseau de partenaires mobilisés sur tout le territoire, et une mission centrale : « dire non au GENOCOST, et construire une société réconciliée où chaque victime est reconnue et réparée ».
La jeunesse prend la parole : «Nous serons les gardiens de la mémoire»
Au nom des finalistes, Michelange Matabaro, représentant des lauréats, a livré un discours touchant, saluant la résilience des victimes et l’importance du travail mémoriel.
«La mémoire mérite un lieu. La dignité mérite un espace. L’avenir mérite une chance», a-t-il laissé entendre.
Il a rappelé les contrées meurtries par les violences — Kasika, Bukavu, Dibaya, Kalemie, Songololo, Mwenga, Goma, Béni, Kishishe, Djugu ou encore Makobola — soulignant que l’art, ici, devient un instrument de reconnaissance et de guérison.
«Nous n’avons pas oublié. Et aujourd’hui, nous apportons notre pierre à l’édifice pour bâtir la mémoire et donner un toit à la dignité», a-t-il indiqué.
Six sites symboliques au cœur du programme mémoriel
Les projets récompensés seront intégrés au programme national de réparations collectives du FONAREV, portant sur six sites emblématiques :
Province du Sud-Kivu: Bukavu – Place Munzihirwa, Kasika, Mwenga;
Kongo-Central: Songololo – Cimetière BDK;
Kasaï-Central: Dibaya – Rond-point de la Paix;
Tanganyika: Kalemie – Fosses communes.

Chaque site bénéficie d’une triple distinction (1er, 2e, 3e prix), avec des récompenses allant de 2 000 à 4 500 USD, ainsi qu’un Prix spécial du jury récompensant une œuvre à forte valeur symbolique.
Pour le FONAREV, cette cérémonie du 5 décembre marque une avancée décisive dans le processus de réparation et de reconnaissance des victimes. Elle s’inscrit dans l’appel du Président Félix-Antoine Tshisekedi fondé sur trois piliers : Mémoire, Dignité, Justice.
Les œuvres primées seront présentées dans un vernissage national et intégrées dans les futurs espaces mémoriels, appelés à devenir des lieux de recueillement, d’éducation et de transmission pour les générations futures.
Christian Okende
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