La République démocratique du Congo (RDC) compte à ce jour 32 cas de Coronavirus, dont deux à Lubumbashi, dans la province du Haut Katanga.
Les deux cas qui s’exportent dans la province cuprifère ont voyagé dimanche 22 mars 2020 à bord de l’avion Congo Airways. Les passagers étaient au total 75. Ils sont tous passés par le prélèvement à l’aéroport de N’Djili à Kinshasa et les agents de la Santé commis à cet aéroport international n’ont pas pu détecter les patients. Après deux heures de vol, les deux cas ont été dénichés à l’aéroport de la Luanao, à Lubumbashi.
« Comment les deux cas n’ont pas été détectés à N’Djili, il a fallu qu’ils le soient à Lubumbashi, en l’espace de deux heures seulement ?« , s’interroge un agent de l’État au ministère de l’Industrie, ayant requis l’anonymat. Pour lui et pour plusieurs autres, les dispositifs à l’aéroport de Lubumbashi sont plus efficaces et mieux organisés que ceux de Kinshasa.
» Même pas après quelques jours, mais dans l’intervalle de deux heures, les cas échappent à Kinshasa et sont découverts au Haut Katanga ?« , rumine le pasteur Kiesse, qui trouve qu’à Kinshasa les choses ne sont pas sérieuses.
Fermer les aéroports en provinces
Des voix s’élèvent pour réclamer la suspension’ des vols de Kinshasa vers d’autres provinces du pays. « C’est une proposition de mesures pour épargner nos compatriotes d’autres provinces qui paraissent plus vulnérables que nous« , estime Patrick Kamanga, journaliste à la Radio 7.
Si à Lubumbashi, les agents ont découvert les deux cas, la situation n’est pas identique à Mbuji-Mayi, à Goma, Kisangani et dans le reste des provinces où le système sanitaire semble inférieur que celui de Lubumbashi.
» Peut-être que les cas de Coronavirus sont déjà en provinces, échappant au système de détection mis en place dans les aéroports comme c’est le cas à Kinshasa « , constate un enseignant de l’école Bwende dans la commune de Lingwala.
Et de poursuivre :
» Les menaces sont sérieuses et permanentes, et le pays ne semble pas mieux équipé pour stopper la propagation de ce virus « .
Les soucis exprimés par cet enseignant sont les mêmes partout à Kinshasa. Sur dix personnes interrogées dans la commune de Kinshasa ce lundi 23 mars par la rédaction de politico.cd, toutes les dix affirment craindre une contagion vertigineuse.
Sur dix Congolais interrogés ce même jour dans la commune de Lingwala sur l’impérieuse nécessité de suspendre les vols de Kinshasa vers l’intérieur, tous sont d’accord.
« Comme le système de détection n’est pas plus efficace à l’aéroport de N’Djili, qu’on suspende tous les vols, à l’exception des cargos qui transportent les vivres« , conseille Alex Tshilumba, un analyste politique. « Le pays présente beaucoup de failles pour gérer ce virus. Les septante trois passagers qui étaient dans le même avion que les deux cas testés se sont volatilisés dans la nature. Rien ne rassure qu’ils seront tous à des adresses mentionnées dans les documents et manifestes pour être récupérés. En ce moment, ils sont en contact avec leurs familles et proches. Imaginez le degré de négligence des autorités urbaines« , s’inquiète Adolphine Ngana, pharmacienne de son état.
» Il faut suspendre provisoirement les vols de Kinshasa vers l’intérieur « , chantent à l’unisson les combattants debout de l’UDPS au rond-point Victoire, direction Éthiopie dans la commune de Kasa-Vubu.
La même complainte est reprise en choeur dans les taxis et bus à Kinshasa. » Les craintes exprimées par les compatriotes de l’intérieur sont fondées « , ajoute Crispin Ngoy, activiste pro-démocratie.
Cette mesure de suspendre les vols de l’intérieur devait être envisagée avant pour éviter que le virus n’arrive en provinces.
La RDC subit toujours au lieu d’anticiper. Il y a des pays qui ont fermé leurs frontières sans avoir enregistré aucun cas, mais juste compte tenu des menaces.
« C’est ce que notre pays aurait aussi fait. C’est la politique d’endiguement, mieux la légitime défense préventive« , martèle Serge Ngonda, finaliste en santé communautaire à l’Institut supérieur des techniques médicales de Kinshasa (Campus).
Il est encore temps de renforcer les mesures de détection. La Chine pousse un ouf de soulagement, parce qu’elle a réussi à contenir la propagation de ce virus. Cela lui a valu plusieurs moyens. Si la RDC veut endiguer cette pandémie, que le gouvernement prenne des dispositions adéquates pour en sauver plus d’un milieu.
Édouard Bajika