Les récentes activités diplomatiques du président rwandais Paul Kagame révèlent une stratégie complexe visant à affaiblir le soutien régional à la République Démocratique du Congo (RDC) et à renforcer son influence au sein de l’Union Africaine (UA). Cette manœuvre intervient après que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a ouvertement soutenu la RDC, ce qui a exacerbé les frictions entre Kigali et Kinshasa.
Paul Kagame, qui connaît bien les arcanes de l’UA, cherche activement à isoler le seul bloc régional qui soutient ouvertement et fermement la RDC et son peuple. L’objectif principal de Kigali est de contrecarrer le financement de la mission de la SADC en RDC, mission que le Rwanda veut voir échouer pour empêcher toute consolidation du soutien régional à Kinshasa.
Plus largement, Kagame aspire à éliminer toute possibilité de condamnation par l’UA de la guerre d’agression que le Rwanda mène contre la RDC. Conscient qu’une telle condamnation pourrait entraîner des sanctions internationales contre son régime, Kagame intensifie ses efforts diplomatiques pour prévenir cette issue. Cette offensive diplomatique, menée parallèlement à l’offensive militaire sur le sol congolais, vise également à positionner un candidat rwandais à la tête de la Commission de l’UA, ce qui assurerait à Kigali une influence continue au sein de cette organisation.
Les implications de ces manœuvres sont significatives. Si Kagame réussit à influencer l’UA pour qu’elle n’adopte pas une position ferme contre les actions rwandaises, cela pourrait non seulement affaiblir la position de la RDC mais aussi modifier l’équilibre des pouvoirs au sein de l’organisation continentale.
La SADC passe à l’offensive contre le M23 et l’armée rwandaise
Le contexte de ces actions diplomatiques est marqué par des rencontres récentes entre Kagame et divers leaders africains. Après avoir été accueilli par le président angolais Joao Lourenço à Luanda, Kagame a également visité la Guinée pour renforcer les liens avec Mamadi Doumbouya, signe d’un rapprochement stratégique dans plusieurs secteurs. Il est également passé par le Sénégal où il a été l’un des premiers président à rencontrer le nouveau Chef d’Etat sénégalais fraichement élu.
La RDC et ses alliés régionaux, conscients des enjeux, sont appelés à prendre des mesures adéquates pour contrecarrer la stratégie rwandaise. Dans ce contexte, les forces de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en République démocratique du Congo (SAMIDRC) se préparent à lancer des opérations offensives conjointes contre les rebelles du M23, en coordination avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Le Major Général Monwabisi Dyakopu, commandant de la SAMIDRC, a souligné que « Conformément au mandat de la SAMIDRC, en coopération avec les FARDC, la mission mènera des opérations pour neutraliser les forces négatives et les groupes armés illégaux dans l’est de la RDC afin de restaurer et de maintenir la paix et la sécurité. »
Ces opérations viseront également à rouvrir les voies d’approvisionnement essentielles et à garantir la sécurité des civils contre les intimidations, les déplacements forcés et les assassinats. « Les opérations visent à ouvrir les voies d’approvisionnement et à faire en sorte que les civils soient à l’abri des intimidations, des déplacements et des meurtres, afin que les communautés puissent mener leur vie quotidienne sans interférence ni menace, » a ajouté le Major Général Dyakopu.
La SADC a réprouvé le désaccord du Rwanda contestant l’appui des pays de la Communauté à la RDC contre les groupes armés, et le sommet de la SADC tenu récemment à Lusaka a affirmé son soutien aux troupes déployées pour combattre le M23 et d’autres groupes armés, marquant une solidarité régionale en faveur de la paix et de la stabilité en RDC. Ce qui a accentué les tensions entre Kagamé et l’organisation sous-régionale.
La diplomatie et les manœuvres militaires dans cette région restent donc étroitement liées, avec des implications profondes pour la stabilité régionale et l’intégrité territoriale de la RDC. Les efforts de Kagame pour modifier l’orientation politique et sécuritaire à travers l’UA et ses récentes activités diplomatiques constituent un défi majeur que Kinshasa doit relever avec prudence et détermination.