C’est le jour des élections au Congo-Brazzaville. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h. Huit candidats affrontent Sassou Nguesso pour premier tour de l’élection présidentielle. Après 32 ans au pouvoir, Sassou est surtout en face du général Jean-Marie Michel Mokoko, qui fait office de candidat sérieux. Ce scrutin se passe dans un contexte particulier, depuis 1H du matin, les autorités ont coupé internet et téléphone.
En RDC, les autorités sont conscientes que le déroulement de ce scrutin peut avoir un impact à Kinshasa.
Politico.cd s’est entretenu avec un haut gradé du Ministère des Affaires étrangères de la RDC. Il a requis l’anonymat, mais son propos est révélateur de l’intérêt que le pouvoir de Kinshasa accorde à la situation politique au Congo-Brazzaville.
La RDC et la République du Congo sont deux entités liées par l’histoire et la géographie. Du point de vue de la géopolitique, c’est un seul et même environnement séparé par le fleuve Congo. Lorsqu’on tousse au Congo Brazza, l’on attrape la fièvre carabinée 40 degrés de température au Congo Kinshasa et inversement. Il va de soi que les microcosmes politiques de ces deux pays s’interfèrent mutuellement. Les mutations qui prennent corps au Congo Brazza influent sur le processus décisionnel au Congo Kinshasa, et c’est mutatis mutandi. Les élections au Congo-Brazza, au moment même où le président Sassou n’est plus habileté à rééditer l’exploit, c’est à dire à se représenter, pourraient engendrer des répercutions fâcheuses qui auraient pour ondes de choc l’autre versant du fleuve, surtout que le même phénomène décrié au regard de la constitution mise en mal trouvent un terrain fertile également du côté de la RDC. Il y a lieu d’éviter une avalanche que l’on ne saurait maitriser du côté de deux rives. La RDC et la République du Congo sont donc assises sur une véritable poudrière. La sagesse recommande que les acteurs politiques et autres membres des sociétés civiles puissent mettre chacun un peu d’eau dans son vin pour éviter une situation fâcheuse.
On se souvient que Joseph Kabila avait été reçu le samedi 27 février 2016 au Palais de République, à Brazzaville, par Dénis Sassou Nguesso. L’état de coopération entre la République Démocratique du Congo et la République du Congo, la situation sécuritaire en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs étaient au programme de cet entretien en tête-à-tête de plus de deux heures.