Dans un communiqué publié le 3 mai 2016 à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’ONG Journaliste en danger exige la libération des espaces de liberté « confisqués par le pouvoir «
« Alors que le monde entier célèbre, ce mardi 03 mai 2016, la Journée internationale de la liberté de la presse, et que toutes les caméras du monde sont braquées sur la RD Congo où se déroulent les obsèques de l’une des plus grandes stars de la musique congolaise, Papa Wemba, une dizaine de médias congolais ne seront pas autorisés à couvrir l’événement. Et pour cause ? Ces médias appartiennent à l’opposition et ont été réduits au silence depuis plusieurs mois. Il s’agit, notamment, des quatre principales chaînes de télévision émettant à Lubumbashi, chef-lieu de l’ex-province du Katanga, considéré comme le bastion du groupe des sept partis politiques (G7), anciens membres de la majorité présidentielle, et qui sont passés dans l’opposition au pouvoir du Président Kabila qu’ils accusent de vouloir modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir. »
L’ONG demande aux autorités de libérer les espaces de liberté.
« JED constate et déplore la dégradation constante du climat de travail des journalistes et le rétrécissement continu des espaces de liberté et d’expression. JED demande instamment aux plus hautes autorités congolaises, de libérer ces espaces, et d’ordonner la réouverture de tous les médias actuellement fermés sur l’ensemble du pays, pour des motifs politiques inavoués. «
L’illustration
- « La Voix du Katanga », chaîne émettant à Lubumbashi, et propriété de M. Gabriel Kyungu wa Kumwanza, ancien Président de l’Assemblée provinciale du Katanga, interdite de fonctionnement depuis vendredi 11 mars 2016 par le Ministre des Médias, Lambert Mende pour « non-paiement de la redevance annuelle » et de fonctionner sans « permis d’exploitation ». Une accusation rejetée par les responsables de ce média.
- Nyota TV et la Radiotélévision Mapendo, médias appartenant à Moïse Katumbi, ancien Gouverneur de l’ex province du Katanga, fermés le 28 janvier 2016 sur ordre du ministre des Médias pour « non-paiement de frais relatifs à la déclaration préalable » et « non-respect des conditions légales de diffusion ». Malgré toutes les preuves de paiement des différentes taxes, la mesure prise par le Ministre des Médias n’a toujours pas été levée.
- 3. Radiotélévision Lubumbashi JUA (RTLJ), une chaîne appartenant à M. Jean-Claude Muyambo, ancien cadre de la mouvance présidentielle, est toujours interdite de fonctionnement depuis le lundi 24 novembre 2014 par M. Lambert Mende pour « non-respect des dispositions légales de diffusion des entreprises privées du secteur audiovisuel, incitation à la haine et à l’insurrection (…) ».
- 4. Radio Owoto, chaîne émettant à Lodja, chef-lieu de la nouvelle province de Sankuru, et propriété de M. Christophe Lutundula Pene Apala, député national et membre du groupe de sept partis politiques qui ont fait dissidence dans la majorité présidentielle, a cessé d’émettre depuis le jeudi 17 septembre 2015 à ce jour. Les équipements de ce média ont été saisis par le responsable local de l’ANR agissant sur ordre de la « haute hiérarchie », avant d’être restitués plusieurs semaines plus tard.
- Canal Kin, chaîne privée émettant à Kinshasa, et appartenant à l’opposant Jean Pierre Bemba, demeure toujours interdite d’activités depuis le vendredi 16 janvier 2015 par les autorités gouvernementales. Ce média a été fermé pour avoir diffusé un message de l’opposition appelant la population à manifester contre les tentatives de modification de la Constitution.
- Radio Liberté Beni, station émettant à Beni, dans la province du Nord-Kivu, propriété de l’opposant Jean-Pierre Bemba est toujours fermée depuis le 14 novembre 2014 par le ministre des Médias qui l’accuse d’avoir diffusé des émissions et les messages appelant la population à se soulever contre les autorités nationales et contre la MONUSCO.
- Le signal d’émission de la radio française RFI a été coupé, mardi 16 février 2016, simultanément à Kinshasa, et à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, à l’Est de la RDC. Selon le Ministre de la Communication et des Médias, il s’agissait d’une mesure conservatoire prise par les autorités locales pour empêcher ce média de « mettre de l’huile sur le feu ». En effet, alors que les principaux partis de l’opposition avaient décrété une « journée ville morte » pour exiger le respect de la Constitution qui interdit au Président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat, le signal de RFI a été coupé dès les premières heures de la journée, et n’a pu être rétabli qu’en début de soirée.
Un commentaire
Quand je vois la liste de ces médias, ils concernent des médias appartenant à des acteurs politiques. Pendant combien de temps ces médias vont -ils échapper au fisc ? Pendant combien de temps ces gens vont-ils toujours se contenter des mamelles de l’état ? L’alternance doit se faire aussi avec de nouvelles habitudes comme celles de savoir payer ces taxes et impôts à l’état qui en a grandement besoin au lieu toujours de jouer à la victime. Eteya bino, etaya pe biso.