Danae Dholakia, Envoyée Spéciale du Royaume-Uni pour les Grands Lacs, a demandé au gouvernement de la RDC de libérer les prisonniers politiques et d’opinion en vue de permettre notamment la tenue d’un dialogue national et inclusif qui permettrait d’organiser les élections dans un bref délai. Elle l’a dit au cours d’une conférence de presse tenue à Kinshasa ce vendredi 13 mai 2016
« (…) dans l’esprit de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies, j’exhorte la majorité présidentielle et l’Opposition à faire preuve de souplesse. Dans ce cadre, le gouvernement doit libérer, dans les meilleurs délais, tous les prisonniers politiques et prisonniers d’opinion », a déclaré la diplomate britannique.
Après avoir loué la qualité des rapports entre son pays et la RDC, elle estime que parfois il faut se dire la vérité sur la situation au Congo-Kinshasa.
« Mais parfois entre amis de dures vérités doivent se dire, et aucun vrai ami de la RDC ne dirait aujourd’hui que tout va bien au Congo. En particulier, il y a un risque que les gains économiques et sociaux réalisés au cours des dix dernières années puissent être compromis, si la Constitution qui a été la toile de fond de ces gains n’est pas respectée. En plus, l’insécurité dans l’Est du pays ne cesse de croitre avec des impacts terribles comme nous le démontrent les massacres atroces commis ces derniers jours. Cela nous préoccupe énormément. »
Evoquant son séjour congolais et les rencontres qu’elle a effectuées, elle estime que beaucoup de ses interlocuteurs sont pessimistes au sujet de l’avenir et sont méfiants par rapport à la volonté du pouvoir de Kinshasa d’organiser les élections dans un bref délai.
Citant le cas Moise Katumbi et les cas de répression documentés notamment par Human Rights Watch, elle a fait le parallélisme entre la situation au Burundi et celle en RDC en évoquant notamment des sanctions et des responsabilités individuelles.
« Pendant ce temps, l’espace politique continue de se refermer, et j’ai entendu une préoccupation particulière sur la récente répression politique dans la province de Haut-Katanga. J’espère sincèrement que les récentes accusations portées contre Moise Katumbi, le candidat de l’opposition, ne sont pas une extension du resserrement de cet espace politique. Au Burundi, nous avons constaté que le harcèlement de l’opposition a conduit à des sanctions contre un certain nombre de personnalités au sein du gouvernement et des services de sécurité. La position du Royaume-Uni est que les personnes responsables des actes de répression ou de violence porteront la responsabilité de leurs actions ou décisions. »
En l’état actuel, elle ne croit pas aux élections dans le délai constitutionnel. Pour rappel en novembre 2016, elle insistait sur le respect dudit délai.
« Il est évident que la classe politique congolaise doit s’unir sous une certaine forme pour décider sur une date pour la tenue des élections présidentielles. Mais pour un dialogue devant aboutir à une solution durable à l’impasse actuelle, doit être inclusif. »