Lorsque vous arrivez à Genval, vous comprenez toute de suite que c’est un quartier huppé et fréquenté par les touristes assez bling bling. Situé à 20 kilomètres de Bruxelles, le château fut érigé à la fin du XIXe siècle. La rivière « Argentine » ajoute au charme de cette localité de la région wallonne de la Belgique. On remarque rapidement également ce terrain de golf situé tout juste à la sortie du château. C’est d’ailleurs ici que Moïse Katumbi a organisé, quelques années plus tôt, son dîner de mariage. C’est dans cet environnement que l’opposition congolaise a organisé le conclave autour d’Etienne Tshisekedi.
Le choix du château de Genval est donc assez surprenant pour certains, du moins, ceux qui assistent régulièrement aux activités politique de l’UDPS. Quelques jours plus tard, retour au standing habituel : Hôtel Montgomery à Bruxelles. Ici, c’est plus abordable avec quatre euros vous avez un verre de jus d’orange pressé.
Revenons à ce château du Lac. Lors du conclave, plusieurs faits et gestes ont suscité ma curiosité. Évidemment, la question qui tue : Qui a financé ce conclave ? Katumbi ? Katebe ? Évidemment que je pose la question à Félix Tshisekedi, celui qui joue le rôle du ministre des affaires étrangères du parti. Qui a financé ce conclave ? Moise Katumbi, Katebe Katoto? Sa réponse : « Ces sont des mauvaises langues. Je ne commente pas des élucubrations des mauvaises langues ». Rideaux !
Pourtant, le rapprochement du riche homme d’affaires et frère de Moïse Katumbi d’avec Étienne Tshisekedi ne date pas d’aujourd’hui. Sun city avait réussi à rapprocher les deux hommes que l’histoire oppose. Un proche de Katebe me souffle d’ailleurs à l’oreille que l’homme d’affaires a su maîtriser le mode d’emploi de Tshisekedi. Et depuis, une histoire intéressante est née entre les deux hommes au point que, selon certaines indiscrétions, Katebe est à ce jour l’une de rares personnes à susurrer au creux de l’oreille de Tshisekedi. C’est d’ailleurs Katebe qui serait à l’origine du rapprochement Kyungu – Tshisekedi. C’est également lui, qui facilite le contact entre l’opposant historique et Katumbi.
Politiquement, Katebe fait profil bas. Lors d’une interview (à paraître sur politico.cd) à la question de savoir comment voit-il son avenir politique, Katebe dit, après avoir hésité une fois, deux fois, trois fois… que sa personne importe peu dans le processus électoral en RDC, mais c’est l’intérêt général qui compte pour l’instant car il faut faire partir Kabila. Mais le mystère demeure autour du financement du conclave. Une source digne de foi nous parle plutôt d’un cofinancement qui impliquerait Katebe et un belge proche de Tshisekedi.
Mais, lorsque je surprends un haut cadre politique dans une conversation téléphonique ordonner de faire tout ce qui peut être fait pour clore la Conférence le 9 juin. Je comprends pourquoi, au deuxième et dernier jour du conclave, il fallait à tout prix libérer le château. Minuit passée, donc déjà le 10 juin, lorsque Tshisekedi fait son entrée dans la salle, pour clôturer le conclave. On comprend qu’il fallait clore cette messe politique avant le lever du soleil. Ce, étant donné que le château (salles de conférence, logement) coûte au moins 12.000 euros par jour à ceux qui ont payé. Déjà à trois heures du matin, les valises trainaient à la réception du château du lac. Direction aéroport pour certains.
Cofinancement ? Oui mais qu’entendez – vous par-là? Prises en charge des invités peut-être, car les partis alliés et partenaires de l’UDPS ont été invités par le parti d’Étienne Tshisekedi, officiellement organisateur du conclave. Pourtant, les partis alliés de l’UDPS nient avoir été prise en charge. « Aucun d’entre nous n’a été prise en charge par qui que ce soit. Ni notre séjour, ni nos moyens de déplacement » clamait avec fierté un participant d’un parti alliés de l’UDPS. La dynamique de l’opposition, a elle aussi, déclaré n’avoir pas été prise en charge, alors pas du tout.
Il ne me reste plus qu’à faire le tour des différents hôtels qui ont logé les participants.
Wiltcher’s hôtel Cinq Étoiles, au bas mot 299 euros la nuit pour une chambre classique (le prix varie selon la saison). En plein cœur de Bruxelles, Wiltcher’s hôtel affiche l’excellente note de 9 pour sa situation géographique. C’est ici que les G7 et quelques membres de l’alternance pour la République, sont logés pendant au moins un mois. Oui, quelques-uns d’entre ‘eux sont arrivés plus tôt avant la tenue du conclave. Ici, un croquemonsieur coûte environ 35 euros et un verre de jus 8 euros, soit le double de Montgomery.
La citadine sur toison d’or : Entre 85 euros et 130 euros la nuitée, selon que c’est une chambre ou une suite. C’est ici que bon nombres d’opposants, alliés de l’UDPS se sont simplement Installés à 100 mètres de Wiltcher’s hôtel.
Certains participants ont été hébergés au château du Lac pendant les deux jours du conclave au frais de ceux qui ont payé. Ne demandez pas qui a payé. Personne ne vous répondra. Ensuite, ils sont allés soit en famille, soit ont retournés dans leur pays respectives.
Restauration
Pendant le déroulement du conclave, qui durait toute la journée, entre commissions et réunions, le restaurant du château était submergé par les journalistes et les participants (hommes politiques, société civile, etc.). Il y’a d’abord ce restaurant de l’hôtel. Ici, une tasse de thé coûte 4 euros et un repas sans dessert environ 23 euros. Tellement sollicité, au point que le dernier jour, le restaurant a été fermé pendant quelques heures. Le temps, sans doute, de s’approvisionner ou de changer l’équipe du soir.
Anecdote
Il est 22 heures. La pression monte, l’attente de résolutions creuse certains estomacs et/ou assèche certaines gorges. Trois messieurs arrivent au restaurant et prennent place. Le serveur s’approche et pose la question de savoir s’ils vont dîner. » Oui, rétorquent-ils, nous avons deux tickets pour manger gratuitement. » Il faut dire que certains participants avaient des tickets restaurant, Ndlr. Qui sont-ils? De quel parti? Ça, on l’ignore. Sauf qu’avec le ticket restaurant, le serveur ne propose pas le menu. Il propose deux choix à ces clients: steak ou tartares (+ accompagnement bien sûr). Pas droit à un verre de vin. Juste du soft ou de l’eau, et pas de dessert ni d’entrée. À l’opposé du restaurant, le bar de l’hôtel. Là-bas, thé, café, bouteille d’eau, jus, pâtisseries, pommes vertes sont servis à volonté, du moins avant qu’ils ne se vident. Enfin, aux frais de ceux qui paient. Ne demandez pas par qui. Personne ne vous répondra.
Malgré cet accueil, qui facilite les conditions de travail, vous avez une poignée des députés de la dynamique de l’opposition qui se font tout de même livrer à manger par les membres de leurs familles ou alors, ils préfèrent se rendre dans d’autres restaurants aux environs du château.
J’ai été particulièrement heureuse de couvrir pour vous les travaux de Genval. En plus des photos, d’interviews et d’une couverture plus classique, il m’a semblé assez utile de partager avec vous les à-côtés de Genval. A très bientôt sur POLITICO.CD
Ange Kasongo, le dernier billet de Bruxelles.