Sa parole est rare. Il chuchote à l’oreille de Tshisekedi. Il est membre du comité des sages de la Conférence de Genval. Il se bruite que c’est l’un des principaux argentiers de cette messe de l’opposition. Accessoirement, il est le frère d’un candidat-président de la république. Pour la deuxième fois, Katebe Katoto a accepté de se confier à POLITICO.CD.
Moise Katumbi est candidat déclaré à la prochaine présidentielle, Tshisekedi est candidat naturel de l’UDPS, Kamerhe candidat de l’UNC…Vous croyez à une candidature unique au sein de l’opposition ?
Candidature unique oui, mais je m’excuse. Cette question n’est pas d’actualité. Aujourd’hui l’’essentiel, c’est le combat que nous allons mener pour faire respecter la constitution. Nous pouvons parler de candidature quand il y aura élection. Pour l’instant il n y a pas d’élections. Maintenant, il y a un blocage, une tentative de violation de la constitution qui se fait. Notre présent, c’est de défendre la constitution.
Déjà, parlons de cette stratégie. Quelle stratégie est, selon vous, la meilleure pour battre Kabila?
Il faut défendre la constitution et il faut se remettre, vous savez, le pouvoir appartient au peuple, lui seul peut vous donner mandat. Monsieur Kabila a été élu en 2011 dans les conditions que vous savez. Donc il a été élu. Donc c’est le peuple qui lui a donné mandat. Donc nous nous remettons au peuple qui est le détenteur du pouvoir. C’est à lui de décider.
Comment vous-même vous voyez votre avenir politique?
Non, mais moi…c’est-à-dire, ce n’est pas une question intéressante et qui n’est pas à l’ordre du jour. Nous ne sommes pas là pour les intérêts de l’individu. Nous sommes ici pour défendre l’intérêt général, le peuple congolais, les 85 Millions qu’on veut sauver. Moi, ma personne n’a aucune importance à coté des 85 millions.
Votre personne peut être non, mais quel rôle vous jouez ?
Je ne joue aucun rôle. Je me mets avec tous les frères et sœurs congolais pour protéger la constitution, éviter tout dérapage, glissement, prolongation d’une façon ou d’une autre, sous une forme masquée ou camouflée. Nous allons combattre ça ensemble.
Vous pensez que le pouvoir de Kinshasa est entrain de masquer une sorte de glissement ?
Madame, au Congo, même un bébé sait que le pouvoir fait des manœuvres pour prolonger, pour violer la constitution. Je ne pense pas, c’est la réalité. Quand on veut aller au référendum, quand on veut aller soit disant aller au recensement, quand on annule les élections présidentielles de deux tours à un tour, c’est la violation de la constitution, c’est une violation consommée!
Vous suivez quand-même de près ce qui se passe au Congo Brazzaville, au Rwanda, au Burundi. Vous ne craignez pas une sorte d’effet boule de neige au Congo?
Madame, je vais vous rassurer. Le Congo n’est pas le Burundi. Le Congo n’est pas Congo Brazzaville ou le Rwanda. Le Congo, République Démocratique du Congo, c’est le Congo, avec sa superficie, avec ses millions d’habitants, ça ne se passera pas comme ça. N’oubliez pas une chose le peuple congolais a acquis plus de maturité politique qu’il y a quinze ans vingt ans. Donc on doit faire très attention!
De Bruxelles, Ange Kasongo pour POLITICO.CD
3 commentaires
J’apprecie le discours de Mr Katebe Katoto sur le respect de la constitution, toute la constitution alors. Mais il ignore quelques points qui sont endehors de la constitution: 1- La pretention de Mr Tshitshi de conduire la transition, qui est tout a fait en dehors de la meme constitution.
1- les resolutions du dialogues qui doivent etre opposables a tous, by-passant l’assemblee nationale et les pre-requis de la constitution.
N’est pas la les demandes de l’udps qui voudraient abolir les pouvoirs de la court constitutionelle et ainsi vont a l’encontre de la constitution elle meme???
Alors on veut une chose et son contraire ????.
Mr Katebe souviens toi que seule et seule la court constitutionelle peut trancher sur l’interpretation de la constitution en RDC. Pour le reste a chacun sa petite opinion.
le peuple congolais a murri svp.
L’alternance ne signifie pas le jeu de chaise musicale. Aujourd’hui force est de constater l’absence manifeste dans le paysage politique du pays d’un projet d’alternance crédible, en tant qu’alternative élaborée, dynamique dans le temps et l’espace, qui s’impose face au pouvoir actuel en vue d’assurer la bonne continuité des réformes en cours, la sauvegarde des acquis de la troisième république et la poursuite de la reconstruction. Ce vide s’explique. Parce qu’en face, l’opposition n’a pas su s’assumer comme force des propositions constructives et alternatives, mais plutôt s’est illustrée par des luttes internes de positionnements politiques au point qu’elle n’a pu se choisir un porte-parole conformément à la constitution, d’une part, mais surtout en raison d’une ligne de combat politique maladroitement radicale, basée sur l’intox, la désinformation, la victimisation et la démagogie.
Ainsi, son combat politique, en ordre dispersé, s’est appuyé uniquement sur le principe de « ôte-toi de là que je m’y mette » ou des slogans du type « Kabila dégage », c’est-à-dire, l’espoir d’obtenir à vil prix ou gratuitement le pouvoir rotatif, tentant de faire passer l’idée qu’en 2016, le peuple doit voter pour l’opposition au titre d’un principe, du reste inexistant, de pouvoir tournant. Il y a donc un risque réel de voir en 2016, l’ensemble de l’électorat être manipulé par une interprétation machiavéliquement désorientée du principe d’alternance pour en déduire la portée à un transfert automatique du pouvoir à de l’actuel majorité à l’opposition, via les urnes. Je ne serai pas surpris d’entendre sou peu les opposants dire aux populations que « constitution elobi e te, lokola Kabila asali mandat mibale, tour oyo ezali tour ya opposition, yango na français babengi alternance ». Connaissant l’activisme des uns et la léthargie des autres, ce mensonge prendrait aisément l’ascenseur pour ne se faire rattraper que quand les dégâts seront consommés après 2016. Comment ne pas redouter un tel scénario lorsque l’on sait que les méthodes de lutte politique des opposants congolais se résument dans l’exploitation machiavélique et déloyale des frustrations des populations consécutives aux méfaits encore visibles de la mal gouvernance des années Mobutu. Et lorsque l’on sait aussi qu’en 2006 et 2011, la majorité a enregistré des scores minables dans la partie ouest du pays sur base d’un gros mensonge de l’opposition, dont les séquelles restent perceptibles jusqu’aujourd’hui. Qui plus est, l’opposition a réussi à imposer l’utilisation abusive des termes propagandistes et tendancieux que la majorité épouse naïvement dans son discours quotidien. L’exemple le plus frappant, ce sont des termes comme le glissement pour dire en réalité prorogation, se définissant en droit comme allongement de la durée de validité ; le découpage, concept inexistant en droit, à la place de la décentralisation ; la vérité des urnes qui ne signifie pas grand-chose, lorsqu’on veut parler des résultats ou du verdict des urnes, termes juridiquement consacrés, pour parler des chiffres électoraux traités et validés légalement (Voir encadré). Le comble c’est que la fameuse « vérité des urnes » a finis, faute de contradiction qui lui soit opposée, par quitter le domaine de l’intox pour devenir une véritable affaire d’Etat, par ailleurs inscrit au menu du prochain dialogue.
Pourtant, dans les vielles démocraties, l’alternance démocratique a nécessairement un contenu politique et idéologique clair. Pour la RDC également, l’alternance ne peut signifier un pouvoir tournant, ni ne peut se confondre à la seule ambition politique d’un individu ou d’un groupe d’individu en quête de pouvoir d’État. Elle doit refléter pour cet individu ou ce groupe d’individu un contenu politique à impact perceptible, conduit par un leadership national exemplaire, fondamentalement rassembleur et non conflictuel, qui mette en première ligne de son projet les valeurs essentielles de notre nation, à savoir la recherche de la paix, de la cohésion nationale et du progrès, tel que tout projet d’alternance doit obligatoirement s’assoir sur des propositions en phase avec les aspirations de l’opinion majoritaire.
Un projet d’alternance conforme au prescrit de notre constitution est celui qui ne peut s’imposer que par les voies démocratiques. Il s’oppose à la violence, aux voies de faits, à l’insurrection et à toutes autres méthodes déloyales, notamment celles qui s’appliquent en dehors des cadres institutionnelles. Il doit se faire accepter dans l’opinion par le débat contradictoire, la tolérance et l’esprit républicain. Il doit s’imposer aux regards de tous les critères définis ci-haut comme choix incontournable par rapport à la gestion et le bilan de l’équipe en place. Les exigences ci-haut sont toutes interactives, incontournables et obligatoires pour faire un projet d’alternance crédible.
Toutefois, L’alternance politique peut avoir une portée restreinte s’il n’existe pas de différences significatives entre les programmes de la majorité et de l’opposition, encore que ceux-ci doivent s’afficher comme concurrents avant de se mesurer lors des compétitions électorales. Seuls quelques détails, par exemple sur le charisme des hommes, pourraient faire la différence. L’alternance peut conduire alors en un simple changement d’équipes dirigeantes. Autrement, il ne s’agirait que d’un changement mécanique.
Courage monsieur Katebe Katoto nous sommes dernier vous .