Il y a un mois, le peuple du Royaume-Uni a voté en faveur de la sortie de l’Union Européenne. Le président Kabila et le Premier ministre Matata étaient au fait de cette question quand je leur ai parlé brièvement à l’occasion des célébrations de la fête de l’indépendance à Kindu. Le résultat du référendum était très serré – 52% contre 48% – mais c’était une décision. Le nouveau Premier Ministre britannique, Theresa May, a dit clairement que la volonté du peuple britannique doit, bien évidemment, être respectée. Donc, le Royaume-Uni quittera l’Union Européenne. Mais qu’est ce que cela signifie pour la République Démocratique du Congo ? Pour répondre à cette question, il y a lieu de considérer trois points.
Premièrement, quoi qu’il arrive, le Royaume-Uni va rester un acteur majeur sur la scène internationale. C’est la cinquième plus grande économie mondiale, affectant 0,7% de ses 2,850 milliards de dollars de son PIB à l’aide au développement bilatéral et multilatéral et 2% de ce PIB à la défense. Il a le deuxième plus grand stock de grands investisseurs dans le monde, possède un de plus efficaces services diplomatiques et des relations très solides en Europe, Amérique du nord, Commonwealth et un peu partout à travers le monde. Les atouts du Royaume-Uni dans l’aviation, les services financiers, le sport, la musique, l’éducation et la culture anglophone ainsi que beaucoup d’autres ne feront que croître.
Deuxièmement, il n’y a pas de plan de changement pour notre engagement majeur en RDC. Nous n’avons pas l’intention de réduire le plus de 500 millions de dollars du peuple britannique que nous dépensons ici chaque année, ce qui représente la deuxième plus grande assistance après les Etats-Unis. Ainsi, par exemple, notre partenariat de 287 millions de dollars sur cinq ans qui offre les services de santé de base à huit millions de Congolais va se poursuivre. Et la coopération RDC – Royaume-Uni dans les domaines de commerce, sécurité, développement, défense, consulat, politique, environnement et sur d’autres questions vont continuer de croître. Le Royaume-Uni va continuer d’être un des pays leaders dans les institutions internationales présentes en RDC, comme la Banque mondiale qui s’est engagée à dépenser 1,4 milliards de dollars dans des projets ici ; le Fonds Monétaire International qui, nous espérons tous, n’aura pas l’occasion de venir au chevet de l’économie de RDC comme il a eu à le faire dans certains pays voisins ; et le Conseil de sécurité des Nations Unies qui, avec le gouvernement de la RDC décide de la taille et des tâches de la MONUSCO. Rien de tout ceci ne va changer.
Troisièmement, certaines personnes ont même insinué que, avec le prochain retrait du Royaume-Uni, l’Union Européenne sera moins focalisée sur l’appui à la démocratie et les droits humains en RDC. Bien au contraire. La démocratie et les droits humains sont de valeurs fondamentales de l’Union Européenne et sont respectés par chaque pays avec lequel l’Union Européenne a un partenariat de développement stable – l’UE a suspendu son aide au développement au Burundi quand ces valeurs n’étaient plus partagées, par exemple. La position unanime de l’UE sur la RDC a été fixée par tous les 28 ministres des affaires étrangères de l’UE il y a plusieurs mois, et réitérée par l’envoyé spécial de l’UE pour les Grands lacs lors de sa récente visite. Ceci montre le niveau élevé de consensus parmi les Etats membres de l’UE, et le Royaume-Uni continuera de jouer un rôle principal dans les discussions de l’UE sur la RDC jusqu’à l’exécution formelle du « Brexit ». Le Royaume-Uni lui-même restera un avant-gardiste pour les droits humains en RDC, comme c’est le cas à travers le monde.
Pour résumer -“Brexit” apporte beaucoup de changements au Royaume-Uni et à l’UE. Mais l’engagement britannique et européen pour une RDC pacifique, prospère et démocratique n’est pas l’un d’eux.