Le vendredi, le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, comme il l’avait annoncé aux militants de la Lucha, a libéré des prisonniers politiques pour tenter de « décrisper » la tension politique.
Mais la liste des prisonniers concernés par ce « geste de bonne volonté » n’est pas vraiment du goût des opposants, encore moins de la Lucha.
Dans un communiqué parvenu à Politico.cd, la Lucha qui « se réjouit d’un autre petit pas » dans le sens de la décrispation politique, note toutefois « amèrement que sur la liste de 24 noms qui a circulé dans les médias depuis vendredi soir, seuls les 4 militants précités sont en réalité concernés, les 20 autres personnes ayant déjà été libérées depuis plusieurs jours, voire plusieurs mois« .
« C’est le cas de nos camarades Narcisse Kombi et Pascal Byumanine sortis de la prison de Goma après avoir purgé leur peine injuste de 3 mois de prison. C’est aussi le cas de nos 7 autres camarades arrêtés dans les mêmes circonstances que les deux précités et libérés à la même date après que le tribunal de grande instance de Goma les ait acquittés, mais qui figurent également sur la liste du ministère de la Justice », fait savoir le mouvement citoyen qui s’est entretenu le jeudi dernier avec le président Joseph Kabila
En outre, la Lucha « dénonce un acte de nature à saper la parole d’honneur du Chef de l’Etat, et à renforcer la méfiance vis-à-vis du gouvernement au sein de l’opinion publique tant nationale qu’internationale. Le gouvernement devrait s’abstenir une fois pour toutes d’effets d’annonces, car cela ne sert ni son prestige, ni la décrispation tant attendue. S’il s’agit d’une erreur, alors non seulement elle doit être vite corrigée, mais le gouvernement devrait présenter ses excuses publiquement et sanctionner les responsables d’une négligence aussi grave« .
Le communiqué signé par Ghislain Muhiwa, militante du mouvement, se penche également sur la question de l’élection présidentielle sensée avoir lieu le 19 septembre prochain.
Pour ce mouvement qui a fait du respect de la Constitution son cheval de bataille, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) doit « impérativement convoquer le scrutin« .
« On est désormais à un mois jour pour jour de la date du 19 septembre à laquelle la CENI doit impérativement convoquer le scrutin pour l’élection présidentielle, et il est de la responsabilité des acteurs politiques de tout mettre en œuvre pour épargner le pays d’une crise grave de légitimité des institutions. Le temps est compté ! », déclare la LUCHA.
L’intégralité du Communiqué
COMMUNIQUÉ DE PRESSE nºLucha/20016
La LUCHA (Lutte pour le Changement) a appris par la voie des médias, les mesures annoncées par le ministre de la Justice de la justice, Alexis Thambwe Mwamba, portant sur la remise en liberté provisoire d’un certain nombre de prisonniers d’opinion, dont ses deux militants Fred Bauma et Yves Makwambala, ainsi que les camarades Christipher Ngoy et Jean-Marie Kalonji.
La Lucha se réjouit d’un autre petit pas dans le sens de la décrispation politique, moins de 48 heures après l’engagement sur l’honneur du Président de la République lors de sa rencontre à Goma avec une délégation de notre mouvement citoyen.
La Lucha note amèrement que sur la liste de 24 noms qui a circulé dans les médias depuis vendredi soir, seuls les 4 militants précités sont en réalité concernés, les 20 autres personnes ayant déjà été libérées depuis plusieurs jours, voire plusieurs mois. C’est le cas de nos camarades Narcisse Kombi et Pascal Byumanine sortis de la prison de Goma après avoir purgé leur peine injuste de 3 mois de prison. C’est aussi le cas de nos 7 autres camarades arrêtés dans les mêmes circonstances que les deux précités et libérés à la même date après que le tribunal de grande instance de Goma les ait acquittés, mais qui figurent également sur la liste du ministère de la Justice.
La Lucha dénonce un acte de nature à saper la parole d’honneur du Chef de l’Etat, et à renforcer la méfiance vis-à-vis du gouvernement au sein de l’opinion publique tant nationale qu’internationale. Le gouvernement devrait s’abstenir une fois pour toutes d’effets d’annonces, car cela ne sert ni son prestige, ni la décrispation tant attendue. S’il s’agit d’une erreur, alors non seulement elle doit être vite corrigée, mais le gouvernement devrait présenter ses excuses publiquement et sanctionner les responsables d’une négligence aussi grave.
La LUCHA rappelle qu’en plus de Fred Bauma et Yves Makwambala, quatre autres de ses militants sont toujours emprisonnés à Kinshasa pour leurs opinions, et doivent être libérés également. Il s’agit de :
Bienvenu Matumo, Marcel-Héritier Kapitene et Victor Tesongo, tous les trois arretés à Kinshasa depuis le 15 et le 16 février 2016 lors de la journée villes-mortes, ainsi que Godefroy Mwanabwato, arrêté à Kisangani depuis le 20 juin 2015 et transféré à Kinshasa (Makala).Outre les militants de la Lucha, plusieurs autres défenseurs des droits de l’homme, militants pro-démocratie et militants de l’opposition politique qui sont des prisonniers politiques attendent encore leur libération. Une liste exhaustive actualisée était récemment transmise au gouvernement et publiée dans les médias.
Par ailleurs, ce qui est demandé au gouvernement n’est pas la liberté provisoire pour des prisonniers d’opinion non encore condamnés tels que Fred Bauma, Yves Makwambala et Christopher Ngoy, mais l’abandon pur et simple des poursuites à leur encontre, et l’extinction conséquente de l’action publique.
La Lucha attire l’attention du gouvernement et de l’opinion publique sur la situation de prisonniers politiques dont les poursuites sont déguisées en délits de droit commun, ainsi que celle des exilés politiques dont les poursuites ou les condamnations au pays devraient être levées afin de permettre leur retour au pays et la poursuite de leur combat politique ou citoyen. C’est le cas notamment de Monsieur Moïse Katumbi et de nos camarades membres du mouvement citoyen Filimbi.
Enfin, la Lucha rappelle les nombreuses autres mesures de décrispation demandées du gouvernement et de l’opposition. On est désormais à un mois jour pour jour de la date du 19 septembre à laquelle la CENI doit impérativement convoquer le scrutin pour l’élection présidentielle, et il est de la responsabilité des acteurs politiques de tout mettre en œuvre pour épargner le pays d’une crise grave de légitimité des institutions. Le temps est compté !
Fait à Goma, le 20 août 2016.
Pour la LUCHA,
Ghislain Muhiwa,
Militant.
Un commentaire
Tambwaya MWAMBA doit être conséquent et éviter de donner l’impression de travailler à la hâte. Il doit revoir l’ordre à lui intimé par le président Kabala-Ilunga-Mbidi et s’exécuter. ..