Lundi 21 novembre 2016 à Kinshasa, l’agence bancaire de la BIAC, située le long du Boulevard du 30 juin, la principale et mythique artère de cette ville mégalopole, est étonnement calme, vidée même. Il y a à peine quelques mois, les agences de cette banque commerciale, la 4ème du pays, étaient envahies de monde, des épargnants tantôt en colère, tantôt désespérés essayaient par tous les moyens de récupérer leurs dépôts
En effet, la banque du bonhomme à l’attaché-case est dans la tourmente depuis plus d’un an maintenant. Pour des raisons qui restent encore floues, le gouverneur de la Banque Centrale, Deogratias Mutombo a décidé au début de l’année, de suspendre la ligne de crédit octroyé à la BIAC, plongeant cette dernière en faillite.
Pourtant, dans un communiqué officiel daté du 24 mai 2016 clôturant le débat à huis clos dans le dossier de la BIAC (Banque Internationale pour l’Afrique au Congo), le bureau de l’Assemblée nationale enjoint le gouvernement au remboursement, «dans un plus bref délai», des créances de cette banque arrêtées à 30 millions USD. Il rappelle à l’adresse de la BCC, Banque Centrale du Congo, «la nécessité de cristalliser son indépendance, conformément à l’art. 176 de la Constitution et l’art. 3 de la loi n°005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution, à l’organisation et au fonctionnement de la Banque Centrale du Congo» et le Gouvernement à la protection des dépôts de 300.000 clients de la BIAC ce, conformément aux articles 30 et 74 de la loi 003/ 2002 du 02 février. 2002, relative à l’activité et au contrôle des établissements des crédits».
Le retrait plafonné à 500 000 francs Congolais (environ 500 dollars) et la fermeture des agences pour faire face au manque de liquidités début avril n’ont pas suffi pour sauver les épargnants de la BIAC des griffes du gouverneur Mutmbo. Le 31 mai, BCC a pris le pouvoir à la BIAC en la mettant sous la gestion d’un Comité d’Administration Provisoire, promettant au passage de trouver une solution : soit un repreneur, soit un redressement de la banque ou, finalement, une liquidation de celle-ci, afin de pouvoir rembourser plus de 400,000 épargnants en détresse.
6 mois après, malgré des annonces à répétion d’un probable repreneur du côté de la BCC, rien n’est fait. Les épargnants eux, continuent toujours de broyer du noir.
C’est dans cette situation que les actionnaires de la BIAC ont cru bien faire en décidant la dissolution de cette banque, de leur gré, le 04 novembre 2016. Dans leur démarche, les actionnaires tiennent à dissoudre la banque afin de procéder ainsi à la liquidation et rembourser les épargnants.
Toutefois, il ne fallait pas attendre longtemps pour voir le gouverneur de la BCC surgir et réfuter cette dissolution. Pour Deogratias Mutombo, les actionnaires de la BIAC n’ont pas le droit de procéder à cette manœuvre. Le Gouverneur a persisté dans cette voie en envoyant une lettre le 18 novembre dernier au président de l’Association congolaise de Banques et à plusieurs institutions pour expliquer sa démarche, arguant que ni l’Assemblée générale des actionnaires ayant abouti à cette dissolution, ni même les actionnaires n’avaient le droit d’entamer une telle procédure. Ce que réfutent tout naturellement les actionnaires de la BIAC.
Que dit la loi ? Dans son communiqué du 10 novembre, où elle fait savoir son opposition à la dissolution, la BCC s’appuie sur le fait que les actionnaires de la BIAC étaient « défaillants », sans donner plus de précisions. Du côté des actionnaires, on fait remarquer que la BCC n’a pas le droit de s’opposer à une dissolution, conformément aux lois. En réalité, le gouverneur Deogratias Mutombo ne peut effectivement pas s’opposer à la dissolution de la BIAC. Il s’agirait dès lors, d’une situation plus politique qu’économique.
En effet, des sources concordantes, Deogratias Mutombo semble privilégie un repreneur qui ne contentent pas les actionnaires de la BIAC, encore moins les épargnants.
De plus M. Mutombo, dont le départ de la BCC est largement pressenti, semble vouloir utiliser le dossier de la BIAC pour redorer son image, largement écorchée alors que la politique de la Banque centrale du Congo s’avère être un échec cuisant sous son règne.
Pendant ce temps, les épargnants regardent la guerre entre la BCC et la BIAC d’un œil sceptique, le tout, dans un environnement socio-politique explosif où le président Joseph Kabila, dans sa recherche de compromis avec l’opposition sur des questions politiques, s’éviterait bien une crise sociale susceptible de faire sortir des milliers d’épargnants dans les rues du pays pour réclamer leur dus.
Dossier à suivre.
3 commentaires
Je suis épargnant de la Biac toute ma fortune s’y trouve et près à mourir j’attends plus de 300000$
Bcc donner moi la suite
C’est triste de nous voir, épargnants subir un tel sort, triste vraiment pour notre pays. Nous avons plus de 160.000 usd d’un bailleur international dans cette banque et triste de voir toutes les activités s’écroulées, triste vraiment.
Le problème de la Biac relève d’une situation qui est généralement entretenue par les autorités de ce pays à savoir la corruption généralisée et approuvée, érigée en moyen de gestion. Tricher tricher le jour finira par se lever cela à déjà commencé.