OK. Je mets quasiment ma tête à couper en prenant une telle encoignure de jugement, dans un contexte politique aussi escarpé et où l’union de l’opposition, qui peut se targuer d’être en accord une opinion publique majoritaire, est sacrée. Toute voix, toute personne qui oserait ainsi critiquer ce camp des politiciens de l’opposition mérite Golgotha, sans jugement aucun. Mais, voilà, nous sommes les descendants de Mvuluzi, de Kimpa vita, pour reprendre la cadence mollement entonnée par le président Kabila l’année dernière… nous sommes donc des têtus, comme la vérité, nous frappons là où ça fait mal. Sinon, Lumumba serait finalement lapidé par des villageois, alors qu’il tentait de s’enfouir. Alors, crucifiez-moi!
Mais avant, laissez-moi vous parler de la démocratie. Loin de sa définition initiale empruntée, via le bas latin democratia, au grec ancien δημοκρατία, demokratía, dêmos (« peuple »), kratos (« pouvoir »), veut ici, c’est-à-dire au pays de Simon Kimbangu, signifier tacitement: la dictature du plus grand nombre, à condition de prouver que l’on est majoritaire.
Ainsi, ce que les Zaïrois ont découvert un certain 1er novembre 1980, jour de la publication de la Lettre ouverte des treize Parlementaires adressée au Président Mobutu, jour même de l’éclosion de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS); la démocratie, allait devenir, comme elle a prouvé sous d’autre cieux, un idéal commun. La voie royale pour le développement de tout un peuple, celle de son salue. 36 ans après, le Zaïre devenu République démocratie du Congo poursuit son long et laborieux apprentissage à cette pratique que les athéniens Solon ou Thémistocle ont payé de leurs vies pour la voir perdurer.
A la mort d’Étienne Tshisekedi, symbole même de cette quête, le pays entier étrille ses plaies, tout en s’interrogeant sur ce qui en reste. Logiquement, les défenseurs de cette pensée pure devraient être de l’Opposition. Ceux qui, dans une guerre sans merci, tentent de barrer la route aux machiavéliques plans des Kabilistes, qui chercheraient à engloutir les efforts de nos paternels idéalistes.
Néanmoins, si le Robert définit l’Opposition dans son contexte politique comme étant l’ensemble des mouvements qui contestent les décisions des détenteurs du pouvoir, au pays de Nzinga-Nkuwu, les choses ne sont pourtant pas si simples. Car, entre-temps, comme l’explique le professeur Tryphon Kin-Kiey Mulumba, dans un article paru dans son journal LE SOFT INTERNATIONAL en février dernier, une pratique de « blanchisserie », la Méthode Kengo wa Dongo, de ceux qui passent par le pouvoir et se sanctifient en devenant opposant, est à la mode, au point où nous avons même des opposants qui le restent tout dirigeant; Samy Badibanga n’osera pas me contredire.
A chacun son opposant
Revenons sur la démocratie. J’en parle parce qu’aucun d’entre vous n’a échappé au spectacle à la Ok Corral [lire dans mon éditorial de la semaine dernière ici] que le Rassemblement des opposants nous a livré. Orpheline d’Étienne Tshisekedi, cette coalition a systématiquement traversé une fièvre tantôt naturelle, tantôt favorisée par des « tireurs de ficelles », pour reprendre l’expression à Vital Kamerhe.
En prenant de la hauteur face à cette chicane qui n’est que la partie visible l’iceberg du Titanic congolais, la vraie question, le vrai problème reste néanmoins la pratique de la démocratie en tant que telle, même chez les opposants. On se rappellera que Raphaël Katebe Katoto ou encore Gilbert Kiakwama, Joseph Olenghankoy, ne criez pas, manipulés ou non par Kabila posent un problème qui reste réel: leur droit de dire non. Ce qui ne semble visiblement pas acquis dans la classe politique congolaise, bien que se disant démocrate, encore moins dans l’opposition.
Samy Badibanga a été viré de l’UDPS pour avoir dit non. Avant lui, même après lui, la valse des départs dans les partis politiques tant au pouvoir que dans l’opposition est caractérisée par cette capacité allergique des dirigeants politiques à entendre un autre avis que les leurs. A double tranchant, cette pratique a vu naître des opposants tels que Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Pierre Lumbi, Olivier Kamitatu… tous transfuges, comme Étienne Tshisekedi en son temps, du Pouvoir. Malheureusement, force est de constater que ni Étienne Tshisekedi, encore moins les Kamerhe et Katumbi n’ont visiblement compris la leçon. Une fois aux commandes, ses opposants fabriquent à leur tour d’autres opposants. A tort ou à raison, le phénomène Wenge, du nom de cet orchestre qui symbolise à lui seul la dislocation en RDC, est de mise.
Après les départs de ses proches comme Claudel Lubaya ou Jean-Bertrand Ewanga, avec qu’ils avaient plus que de liens de collaborateurs politiques, Vital Kamerhe doit faire face à des nouvelles dissidences au sein de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC). De son côté, Moïse Katumbi ne peut plus prendre son thé en famille et regarder ainsi son propre frère Raphaël Katebe Katototo dans les yeux. Au rang des explications, Vital Kamerhe serait victimes « d’attaques politiques », tout comme Moïse Katumbi. Ceux qui partent, arguent un manque de « démocratie ». Un manque qu’ils ne combleront pourtant pas à leur tour.
La politique étant une affaire essentiellement basée sur la trahison, ceci ne rend non plus la vie facile à ces leaders, peu importe leur bonne volonté. Au final, nous sommes devant une instrumentation tant des lieutenants que des dirigeants, tant des adversaires que même du côté de la population qui ne cesse d’opposer ses leaders. A l’UDPS par exemple, au nom de la succession préférée de Félix Tshiskedi à la place de son père, Bruno Tshibala, une pièce maîtresse de ce parti de l’opposition est débarqué comme une vulgaire tumeur. A tort ou à raison bien-sûr. La culture de l’élection, celle du vote est presqu’inexistante, tant du côté des partis politiques où les fils succèdent à leurs pères, dans des congrès où les voix discordantes sont muselées. A presque croire que tous ces leaders prennent leurs cours
du côté du Pouvoir. A la Majorité, l’Opposition semble simplement dire: « écartes-toi et laisses-moi la place ». Le Pouvoir lui rétorquerait : « tais-toi », au peuple, ils disent ainsi : « cause toujours ».
La démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple. Quête suprême censée empêcher la destruction de notre pays, elle doit à tout prix poursuivre son évolution pour devenir une pratique courante dans le quotidien de chaque Congolais. Si Joseph Kabila a souvent pêché dans la pratique de celle-ci, l’opposition en République démocratique du Congo ne peut malheureusement prétendre faire mieux. L’opinion publique encore moins. La culture du débat est reléguée au simple fait que l’on est applaudi lorsque l’on exhibe une idée qui va dans le sens de son raisonnement. Chacun accuse l’autre de le manipuler, oubliant d’écouter les voix antinomiques qui, parfois, ne réclament que de l’être. La démocratie tant du côté du pouvoir que de celui de l’opposition, et même du côté de l’opinion publique a des progrès à faire.
SOPOLITICO,
Par Litsani Choukran,
Le Fondé.
2 commentaires
c’est pertinent vraiment cet article.il faudrait que le peuple congolais prend conscience car il n’a jamais eu la chance d’avoir un leader digne de ce nom.
Comme notre peuple a été dévié d’être apolitique ou d’être danseur-musicien et buveur sans souci ,ce sera difficile de lui trouver un homme noble de caractère de conduire vers un avenir meilleur .
Meme ETIENNE TSHISEKEDI n’était qu’une illusion car la preuve en est qu’il n’a pensé qu’à son propre fils. Les intellectuels congolais doivent se reveiller et secouer la conscience de notre peuple plus jamais ça. je vs jure que FELIX sera pire pour la présidence de la république. Oui pour le rassemblement!
article bidon ,il n ya jamais eu de 100% pour soutenir une decision,la democratie est la dictature de la majorite,si votre non est minoritaire,passez la main.le pouvoir profite de ce bruit minoritaire unitule bien sur